Pour débloquer l’accès au crédit, le gouvernement souhaite développer le prêt remboursable in fine en France. Mais cette solution pourrait d’avérer plus coûteuse pour les emprunteurs. Explications. Le prêt in fine est-il la solution pour résorber la crise de l’immobilier ? C’est ce que semble croire Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique. Dans une interview donnée au Parisien lundi 12 février, le ministre a rappelé que ce type de prêt “fonctionne très bien en Suisse”. Et que les banques devraient “fournir des efforts” pour développer ce dispositif de financement en France. Souscrire un crédit sur 80% du prix du bien Pour rappel, ce type d’emprunt existe déjà dans l’Hexagone. Il consiste, pour un emprunteur, à ne rembourser le capital qu’en une fois, à la fin du crédit. Par exemple, au bout de 20 ou 25 ans. Avant ce délai, l'emprunteur ne rembourse que des intérêts. Alors que dans le cadre d’un prêt immobilier classique, l’emprunteur rembourse les intérêts et le capital sur l'ensemble de la durée du prêt Cependant, le dispositif proposé par Christophe Béchu est différent du prêt in fine tel qu’on le connait. “Le principe est simple”, affirme le ministre. “Vous voulez acheter un bien, vous souscrivez un crédit sur 20 ou 25 ans non pas sur 100% du prix mais sur 80%, que vous remboursez classiquement au fil du temps. Les 20% restants demeurent sous forme d’hypothèque sur lesquels vous ne remboursez que les intérêts et non le capital. Celui-ci ne sera remboursé qu’à la revente”, explique-t-il. Autrement dit, “ce que propose le ministre est plutôt un dispositif hybride entre le prêt immobilier classique et le prêt in fine ou hypothécaire”, souligne le site d’information MoneyVox. En théorie, le système est intéressant pour les ménages qui n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour devenir propriétaires. En effet, il leur permet d'obtenir des mensualités moins élevées et donc de rentrer plus facilement dans le cadre des 35% de taux d'effort défini par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). Un risque accru pour les ménages les moins solvables Néanmoins, ces crédits sont “plus risqués [que les crédits classiques, ndlr] puisqu'ils prolongent la durée d'endettement des ménages ; ils sont donc en général plus coûteux, et les banques demandent généralement plus de garanties”, a déploré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur le réseau social professionnel LinkedIn. “Par exemple, pour un montant emprunté de 300 000 euros, à un taux de 4% sur 20 ans, l'emprunteur contractant un crédit in fine remboursera au total 240 000 euros d'intérêts en plus de son capital emprunté. À l'inverse, le montant des intérêts sur un prêt classique ne sera « que » de 136 305,88 euros”, illustre MoneyVox. Ce qui corrobore les propos du gouverneur. Au final, il se pourrait que le prêt proposé par Christophe Béchu ne soit donc pas vraiment destiné aux Français qui ont des difficultés à emprunter, tels que les primo-accédants. Mais plutôt aux ménages qui disposent de patrimoines financiers conséquents. “En France, les prêts in fine peuvent parfois être opportuns dans certaines opérations patrimoniales ou d'investissement locatif et très rarement en accession à la propriété”, estime la Fédération Française Bancaire.