Une étude récente conclut à l’efficacité de l’encadrement des loyers à Paris pour les faire baisser. Toutefois, l’expérience argentine illustre qu’une approche inverse, la libéralisation du marché immobilier, peut également répondre à une double problématique : accroître l’offre de logements et stabiliser les prix. À Buenos Aires, cette approche a permis en quelques mois de remettre plus de 10 000 logements sur le segment locatif. Efficacité mitigée de l’encadrement des loyers à Paris Le net écart entre une demande élevée de biens locatifs et une pénurie du côté de l’offre engendre une tension considérable sur le marché immobilier, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile. Dans ce contexte de crise, l’Exécutif a privilégié l’encadrement des loyers à la libéralisation. Cette approche, initialement conçue comme une expérimentation, est aujourd’hui mise en œuvre dans un nombre croissant de villes tricolores. D’après l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) et une équipe de recherche en sciences sociales du Cesaer, Le procédé a permis une réduction mensuelle de 64 euros de l’augmentation des loyers dans le parc privé sur les cinq dernières années. Cette conclusion s’appuie sur l’analyse des données fournies par l’Olap (Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne) et le groupe SeLoger. Cette évolution positive cache néanmoins l’effet dissuasif de la mesure sur les propriétaires et les porteurs d’un projet d’investissement locatif, effet qualifié de « totalement marginal » par l’adjoint PCF au logement à la mairie de Paris, Jacques Baudrier. Pourtant, certains experts estiment qu’elle pourrait entraîner une baisse de l’offre et une dégradation de la qualité des logements. Un bilan encourageant pour la libéralisation choisie par Buenos Aires L’Argentine a choisi la voie opposée en mettant en œuvre des réformes ultralibérales, lesquelles semblent donner des résultats plus probants. ImportantBFM Immo a en effet révélé que le volume d’appartements proposés à la location à Buenos Aires est passé de 6 600 à 19 000 au cours du seul premier trimestre 2024. Ces statistiques proviennent de la Chambre immobilière locale, association de professionnels qui souligne le retrait de nombreux propriétaires du marché en raison de la réglementation des pratiques locatives instaurée en 2020. En outre, démentant les craintes des spécialistes, cette hausse ne s’est pas soldée par une flambée des loyers. Au contraire, la Chambre immobilière argentine affirme que les prix sont restés stables dans le centre de Buenos Aires et ont même légèrement baissé dans le nord de l’agglomération. Et le portail immobilier local Zonaprop révèle que « la progression des loyers se fait désormais à un rythme nettement inférieur à l’inflation. En effet, tandis qu’en février, l’inflation s’élevait encore à 13,2 % sur un mois et à 276 % sur un an, la croissance des loyers s’est limitée à 2,9 % après des pics à +21 % et +18,6 % en janvier et en décembre 2023. Le bilan encourageant obtenu dans la capitale argentine avec la libéralisation du marché pourrait ainsi inciter la France à reconsidérer sa stratégie et à s’interroger sur l’efficacité de l’encadrement des loyers pour lutter contre la crise du logement. A retenir L’encadrement des loyers à Paris a permis de réduire les prix de location, mais il a également dissuadé certains propriétaires de mettre leurs biens sur le marché. La libéralisation du marché immobilier à Buenos Aires a conduit à une augmentation de l’offre de logements, sans entraîner une flambée des prix. L’évolution des loyers dans la capitale argentine est désormais nettement moins rapide que celle de l’inflation. Cet exemple pourrait inciter la France à revoir sa copie dans un contexte de crise du logement.