La crise du logement en France s’aggrave et bouleverse le quotidien des familles, des étudiants, des salariés… Selon Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier, la difficulté à trouver un habitat devient aujourd’hui un obstacle majeur aux études, à la mobilité professionnelle. Elle s’impose même la première cause d’exclusion sociale, devant le travail. Hausse des taux d'intérêt et chute des transactions Après des années de baisse à des seuils historiques, les taux d’intérêt des prêts immobiliers ont explosé dans le sillage des taux directeurs des banques centrales . Pour ces dernières, l’objectif était de contrer les effets d’une inflation galopante. ImportantMais le phénomène a eu de nombreux impacts négatifs, dont le durcissement des conditions d’accès au crédit. Résultat, d’après la Fnaim, Les candidats à l’achat ont perdu 25 % de capacité d’emprunt depuis janvier 2022. Cette situation se reflète sur l’activité, avec une chute de 22 % des transactions conclues sur le segment de l’ancien en 2023, un record en plus d’un demi-siècle . Le mal-logement, premier facteur d’exclusion sociale Des associations comme la Fondation Abbé Pierre tirent régulièrement la sonnette d’alarme concernant les conséquences dramatiques du mal-logement. La multiplication de décès parmi les sans-abri, notamment lors des épisodes de grand froid, a conduit à des appels répétés à la solidarité. Mais aujourd’hui, les profils des personnes touchées se sont considérablement diversifiés . De plus en plus d’enfants vivent dans la rue, les étudiants doivent renoncer à leur cursus ou en changer en raison de l’impossibilité de se loger dans la ville choisie ou les communes limitrophes. Même des salariés contraints de dormir dans leur voiture. D’ailleurs, 30 % des 330 000 Français sans domicile fixe à l’heure actuelle ont un travail. Pour le président de la FNAIM, Ce n’est plus le travail, mais le logement, qui aujourd’hui est le plus susceptible de conduire à l’exclusion. Aggravation de la pénurie de logements Et la situation risque de s’aggraver. ImportantAu-delà de la cherté des crédits et des biens, la baisse continue des stocks pénalise les acteurs du marché et les aspirants propriétaires. L’Union sociale pour l’habitat (USH) anticipe Une dégringolade des permis en dessous de 85 000 en 2023, un niveau jamais observé depuis 2005. Pourtant, les besoins annuels sont évalués à 198 000 unités, avec un volume de demandes qui atteint un pic sans précédent de 2,6 millions. La diminution des subventions, l’envolée des coûts de construction et des prélèvements opérés par l’État sur les bailleurs sociaux. Le secteur du neuf ne se porte pas mieux, avec 25,5 % d’autorisations en moins, et seulement 294 700 mises en chantier sur les 12 mois, alors qu’il en faudrait entre 400 000 et 500 000. Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, déplore 8 000 pertes d’emplois en fin 2023, et en attendent 300 000 de plus en 2025 en raison d’une baisse d’activité de 5 % en 2024. Privés de chances de devenir propriétaires, les ménages se sont tournés massivement vers la location. Selon la FNAIM, cette tendance a fait reculer l’offre de 59 % au cours des 5 dernières années. Inaction du gouvernement et colère des professionnels Tous critiquent le manque de réaction du gouvernement. 83 % des participants à un sondage mené par Viavoice au début du mois de janvier ont confirmé l’existence d’une crise de ce poste essentiel. En outre, 76 % estiment que L’Exécutif a failli dans la résolution de ce problème majeur. Lorsqu’ Olivier Klein , le précédent ministre du Logement avait évoqué la « bombe sociale de demain », il semble que son explosion soit déjà une réalité. Les professionnels pointent du doigt L’insuffisance des mesures de régulation du marché et d’aide à l’achat résidentiel et à l’investissement locatif particulier, Olivier Klein Au contraire des crises précédentes. D’autres fustigent le choix d’ Une politique dictée par la rigueur budgétaire, avec le rabotage du prêt à taux zéro et du PTZ et du dispositif Pinel de soutien aux investisseurs, Et les tentatives pour faire reposer la relance de la construction sur les investisseurs institutionnels. Pour eux, Le recul des ventes espéré par le gouvernement ne va pas tirer les prix à la baisse, à cause de la faiblesse de l’offre face à l’importance de la demande. Car au vu des projections démographiques, ni les logements vacants ni les résidences secondaires ne pourront compenser l’écart entre les deux. À retenir La crise du logement en France est devenue la principale cause d’exclusion sociale, dépassant même le travail. La forte hausse des taux d’intérêt des prêts immobiliers a conduit à une chute record des transactions immobilières en 2023. Les conséquences dramatiques du mal-logement touchent de nombreux profils, y compris des enfants, des étudiants, et même des salariés. Dans le social comme dans le parc privé neuf, l’offre, en constant déclin, ne suffit plus.