En raison de la crise du logement, les candidats à la location sont de plus en plus nombreux à falsifier leur dossier pour espérer se loger. C’est à Paris que la situation est la plus critique. La tension locative est à son comble. Pour cause, en deux ans, les taux d’emprunt sont passés de 1% à 4%. Et l’apport personnel exigé par les banques a, lui aussi, fortement grimpé. Conséquence : de nombreux aspirants à la propriété sont contraints de rester locataires, au lieu de libérer leur logement, créant ainsi des embouteillages sur le marché. Près d’un quart des dossiers transmis seraient falsifiés à Paris Face à cette crise du logement, la concurrence est rude entre les candidats à la location. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à imaginer des subterfuges pour se démarquer de leurs rivaux. Selon Imodirect, une agence immobilière spécialisée dans la gestion locative en ligne, plus de 12% des dossiers transmis par les candidats comportent au moins un élément falsifié. “Une part qui frôle même le quart des candidatures (23%) à Paris et en première couronne”, relate BFM TV. Alors qu’avant la crise sanitaire, les dossiers frauduleux représentaient “moins de 10% des candidatures, à peine 5% sans doute en région", assure Arnaud Hacquart, le président de l’agence. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que les profils les plus précaires qui ont recours à la fraude pour tenter de décrocher un logement. “On était habitués aux dossiers faux de A à Z, présentés par des personnes qui ne travaillent pas. Mais, depuis le mois d’août, on constate une recrudescence des dossiers arrangés : il s’agit du bon employeur, de la bonne fonction, mais le salaire et l’ancienneté sont retouchés”, témoigne au journal Le Monde Paul Pereira, directeur de deux agences Century 21 en Seine-Saint-Denis (93). Le recours à l’intelligence artificielle pour débusquer les fraudeurs Il faut dire qu’aujourd’hui, il n’a jamais été aussi tentant d’améliorer son dossier pour faire bonne impression devant les propriétaires. En effet, de plus en plus sites web permettent, en quelques clics, de générer facilement des fausses fiches de paie ou avis d'imposition. Ces faux dossiers vendus clés en mains sur Internet ne coûtent généralement qu’une centaine d’euros. Conscients du problème, certaines agences immobilières ont recours à l’intelligence artificielle pour débusquer les fraudeurs. C’est notamment le cas de Guy Hoquet, qui a mis en place “Vialink”, une solution permettant de “vérifier plus d’une centaine de points de contrôle en croisant les bulletins de salaire, l’avis d’imposition, la pièce d’identité ou encore les données publiques disponibles, comme celles de Societe.com”, explique le réseau. Pour rappel, le délit de faux, comme l’usage de faux, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Mais en pratique, les escrocs sont rarement, voire jamais inquiétés. « Je n’ai jamais vu une agence se retourner contre le locataire pour faux », admet Laura Morisset, responsable du métier gestion et location chez Guy Hoquet.