Pour expliquer l’intérêt de la réforme des retraites, le gouvernement aborde notamment l’évolution de l’espérance de vie, y compris celle en bonne santé. Mais voit-il juste ? L’analyse réalisée par le Conseil d’orientation des retraites (COR) apporte quelques éléments de réponse. L’instance a basé son étude sur des données issues de statistiques de l’Insee. À la base, le système de retraite a été érigé afin que les Français devenus inaptes à travailler ne sombrent pas dans la précarité. Toutefois, il est vu sous un autre angle eu égard à l’évolution des droits à la retraite et à l’allongement de l’espérance de vie. Durant les années 80-90, ce dispositif a été perçu comme étant un moyen de bien vieillir avec le soutien de la mutuelle retraite. Il a permis de continuer à prendre part à la vie sociale sans le stress de l’emploi. Qu’implique la récente réforme de la retraite ? S’inscrit-elle aujourd’hui encore dans la même dynamique, en tenant compte des tendances actuelles ? La nouvelle réforme est susceptible de controverse À cause des réformes précédentes, l’âge auquel les salariés doivent prendre leur retraite a été repoussé un peu plus rapidement que l’augmentation de la durée de vie. De ce fait, le temps de retraite diminue. Il reste en dessous de la barre des 26 ans. Pourtant, l’espérance de vie progresse de 4 ans pour les personnes nées entre 1950 et 1990. Avec la nouvelle réforme, la période de retraite pourrait baisser davantage. Il est prévu d’instaurer un âge pivot pour les individus nés après 1960. Par exemple, il est porté à 64 ans pour la génération née en 1965. Cependant, il ne s’agit pas du seul problème relevé par les observateurs. Les emplois tiennent rarement compte des limitations d’activité des seniors malgré que les Français prennent leur retraite de plus en plus tard. Un tiers des travailleurs de 60 ans sont concernés par cette situation. Convient-il également de considérer les inégalités sociales justifiées par un certain déterminisme ? Entre les 5 % les mieux lotis et les 5 % les plus vulnérables, la différence d’espérance de vie à l’âge de 60 ans est notable. Elle s’établit à 5,5 ans chez la gent féminine et à 7,5 ans chez les hommes. Quelles sont les tendances actuelles ? Le nombre d’individus qui n’atteint pas l’âge de la retraite progresse, notamment chez les populations qui exercent des travaux pénibles et celles qui vivent modestement. Entre 60 et 64 ans, le niveau de mortalité s’élève à 0,5 % pour les femmes et à 1 % pour les hommes. Par ailleurs, l’espérance de vie en bonne santé n’évolue pas bien que la durée de vie à 60 ans augmente. En effet, l’âge de la mobilité réduite et de l’incapacité demeure inchangé depuis 15 ans. La durée de vie sans incapacité à 50 ans est toujours évaluée à 20,5 ans chez les femmes, contre 18,5 ans chez les hommes. En guise de rappel, cet indicateur correspond à l’âge moyen pouvant être atteint sans souffrir d’éventuelles limitations dans les activités. La DREES et le COR ont également évalué l’espérance de vie à la retraite. Il s’agit de l’écart entre l’âge auquel l’employé part à la retraite et l’espérance de vie à 60 ans. Il apparaît que cet indicateur a diminué de près d’un an entre deux générations : celle de 1950 et celle de 1960. À en croire les dernières projections, l’espérance de vie des personnes nées au milieu des années 70 est 2,5 fois supérieure à celle de la génération 1950. Or, la durée de retraite reste inchangée.