La MACSF (Mutuelle d'assurance du corps de santé français) a récemment commandé un sondage Ipsos pour connaître l’avis des Français sur les données personnelles de santé. Les résultats ont été publiés en décembre dernier. Ils indiquent que 58 % des patients considèrent la sécurité de ces informations « très importante », contre seulement 31 % chez les professionnels de santé. En vertu du règlement général sur la protection des données, toute entité traitant des données personnelles doit veiller à leur sécurité et à leur portabilité. Les mutuelles santé et les différents acteurs du secteur de la santé sont donc concernés par cette réglementation. L’étude Ipsos commandée par la MACSF fait ressortir l’opinion des professionnels de santé et des patients sur le sujet. L’enquête a été réalisée à travers un questionnaire en ligne. Elle a été menée auprès d’un panel représentatif de la population française, composé de 500 individus et de 618 praticiens. Parmi ces derniers figuraient notamment des médecins généralistes, des spécialistes, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes. Des préoccupations différentes Dans l’ensemble, l’arrivée des géants du numérique dans le secteur santé inquiète surtout les praticiens. En effet, 48 % d’entre eux considèrent que l’incursion de ces grandes entreprises technologiques dans le domaine représente un risque de sécurité pour les données personnelles des patients. Ces derniers ne sont, en revanche, que 28 % à partager cette opinion des professionnels de santé. Par ailleurs, 64 % des praticiens interrogés affirment savoir que les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) investissent désormais dans le secteur santé. Chez les patients, cette part s’établit à 34 % seulement. Selon cette étude, les consommateurs tendent également à surestimer l’usage de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé. En effet, 45 % des patients croient que les praticiens utilisent souvent ou quotidiennement cette technologie dans l’interprétation de l’imagerie médicale, par exemple. Pourtant, seuls 4 % des professionnels interrogés déclarent y avoir déjà eu dans le cadre de leur travail. Enfin, 18 % des particuliers sondés pensent que les soignants se servent souvent ou quotidiennement d’outils d’aide à la décision basés sur l’IA et des algorithmes complexes. Pour leur part, 69 % des patients estiment qu’ils sont rarement utilisés. En réalité, seuls 5 % des praticiens ayant participé à l’enquête y ont déjà fait appel. Des patients ouverts à l’innovation À l’issue de cette étude, la MACSF a constaté un écart entre l’importance accordée par les professionnels de santé et les patients à la sécurité des données personnelles. En effet, ce sujet est important pour 94 % des consommateurs, contre 73 % pour les soignants. Les préoccupations en matière de sécurité portent notamment sur les transferts de données, comme dans la télémédecine. Ainsi, seuls 69 % des patients ont confiance en ces échanges d’informations, contre 76 % chez les professionnels de santé. De même, ils sont respectivement 45 % et 50 % à considérer les applications et les objets connectés comme sécuritaires pour les données personnelles. Malgré leurs inquiétudes, les patients interrogés se disent prêts à partager leurs données personnelles si nécessaire. 86 % d’entre eux sont ainsi disposés à communiquer ces informations si ces dernières permettent de soutenir la recherche médicale et de développer de nouveaux traitements. D’autres peuvent aussi le faire à condition de pouvoir choisir ceux qui y ont accès (74 %) ou de rendre ces données anonymes (69 %). D’autre part, 27 % des répondants pourraient les partager avec des pays effectuant des interventions non réalisés dans l’Hexagone comme la procréation médicalement assistée. Enfin, la moitié des patients sont prêts à échanger leurs données de santé contre des réductions et autres avantages.