Le système financier mondial n’est toujours pas à l’abri d’une nouvelle crise. C’est ce qu’a annoncé l’ex-gouverneur de la Banque de France en constatant le niveau d’endettement des pays émergents, qui n’a encore été jamais atteint lors des décennies précédentes. Mais qui met tous les pays, émergents comme développés, devant une situation pour le moins préoccupante. Dépassant le seuil de 150 000 milliards de dollars en 2016, la dette mondiale représente plus de 200% du PIB. Ce chiffre communiqué par le FMI est évidemment alarmant, d’autant qu’il s’agit d’un record de 12% plus élevé par rapport au pic de 2009. Ce qui accentue davantage la vulnérabilité du système financier international. Témoin direct de la crise des subprimes de 2008, Jean-Claude Trichet, ex-gouverneur de la Banque de France appréhende un nouveau chamboulement encore plus impressionnant que le précédent. Le fait est qu’aucun pays ne semble être épargné par le rebondissement des taux d’intérêt, dont la baisse a fortement contribué à l’explosion des demandes de crédit. Un monde à la veille d’une nouvelle crise financière Dix ans après la crise économique de 2008, ayant principalement touché les pays développés, la planète pourrait se trouver devant une autre de plus grande envergure. C’est en tout cas ce qui inquiète l’ancien gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet en constatant le niveau d’endettement des pays émergents. D’après lui, cette situation affaiblit notablement le système financier mondial. Il faut dire que les dettes de ces nations ont atteint en moyenne 50% de leur produit intérieur brut. Celles contractées par 26 d’entre eux dépassent même les 75% cette année. Soudan, Venezuela, Liban, Érythrée et Barbade détiennent le palmarès des plus endettés selon la classification du FMI avec respectivement un taux de 176,5%, 162%, 157,3%, 129,4% et 128,7% par rapport à leur PIB. Le fonds monétaire a d’ailleurs alerté la population en avril dernier sur le fait que : « Le monde est désormais de 12 % plus endetté que lors du précédent record en 2009 ». À noter que deux années précédentes, les crédits des pays s’élevaient globalement à 164 000 milliards de dollars, soit 225% du PIB mondial (105% pour les états développés). La part de la Chine, dans cette explosion des dettes étant de 43% depuis 2007. Les pays émergents et développés se trouvent dans le même panier Si la faiblesse des taux d’intérêt et l’abondance de liquidités ont suscité les demandes de financement, voire le recours au rachat de crédit dans les pays émergents, le revirement actuel pourrait coûter cher à ces derniers. En effet, ils font aujourd’hui face à la pression des États-Unis qui se reflète par la remontée des taux et la dépréciation de leur monnaie par rapport au dollar américain. C’est notamment le cas de la Turquie qui a vu sa note de dette réduite par Standard and Poor’s en vue d’une récession en 2019. Pour ce qui est de l’Argentine, sa banque centrale essaie d’amoindrir la chute du peso en augmentant les taux de prêt de près de 60%. Quant à la roupie indienne, le déficit commercial du pays, à 18 milliards de dollars en juillet dernier, pourrait accentuer davantage sa dépréciation. Toujours est-il que les pays développés n’en sont moins épargnés. L’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande sont actuellement dans la ligne de mire du Wall Street Journal pour le cas où ils afficheraient d’éventuels « symptômes du type de malaise qui frappe souvent les marchés émergents lorsque le dollar américain est en hausse ».