Bien que le gouvernement prévoie un petit « coup de pouce au Smic », il affirme encore travailler à l’augmentation du pouvoir d’achat des Français, l’une des principales revendications des Gilets jaunes. Le Premier ministre a d’ailleurs souligné que le pouvoir d’achat a progressé ces dernières années. Néanmoins, l’amélioration constatée à l’échelle nationale cache des disparités grandissantes entre les territoires. Hausse du pouvoir d’achat à l’échelle nationale… Les déclarations d’Édouard Philip concernant la hausse du pouvoir d’achat ne sont pas fausses, si l’on considère le territoire dans son ensemble. En effet, les experts parlent d’un gain global de 1,8 % et 1,3 % respectivement au cours des deux dernières années, et probablement autant qu’en 2017 pour cette année. Ils notent également une croissance du revenu disponible brut des ménages, qui serait passé d’environ 1230 milliards d’euros au moment de la crise à presque 1390 milliards l’an passé. Quant au pouvoir d’achat par habitant, il dépasse légèrement les 20 000 euros, ce qui permet à l’Hexagone de rester en bonne place (13e en 2018) au classement européen sur ce critère. Si les chiffres pour la France sont nettement supérieurs à la moyenne européenne (14 292 euros par habitant), plusieurs de ses voisins la devancent largement. Outre l’Allemagne, figurent dans la partie haute du tableau des États riches et faiblement peuplés, pour ne citer que l’Islande, le Luxembourg, la Norvège ou la Suisse. De plus, l’impact de l’inflation sur le niveau de vie est resté limité. Pourtant, les données de l’Insee montrent une augmentation constante depuis 2015, notamment dans le domaine de l’énergie. … mais des inégalités qui s’accentuent à l’échelle locale Toutefois, d’une région à l’autre, des écarts significatifs sur le revenu disponible brut par habitant apparaissent avec plus de 24 000 euros dans la région dans la région parisienne. Elle est suivie par la région Auvergne–Rhône-Alpes à un peu plus de 20 000 euros, tandis que la Corse et les Hauts-de-France occupent les dernières places du classement. Il faut cependant tenir compte de l’absence de statistiques portant sur les écarts de prix entre les territoires. En 2016, une étude parlait d’environ 9 % de différence entre la capitale et le reste du pays, laquelle est due essentiellement aux écarts de près de 49 % sur les loyers, et de plus de 6 % sur les prix des biens. Important Le niveau de rémunération entre également en ligne de compte, puisqu’en Île-de-France, le salaire horaire brut dans le secteur privé s’élève 19,3 euros contre 17,5 euros en province. Les salariés bretons, corses et bourgo-francs-comtois par exemple perçoivent moins de 17 euros par heure. À cela s’ajoutent un taux de pauvreté plus ou moins élevé entre des régions comme le Pays de la Loire, comparé à la Corse ou les DOM (Martinique, la Réunion). Même à l’intérieur d’une région, les inégalités se creusent entre les ménages modestes et les plus aisés. Dire que « ça va mieux » n’est donc pas justifié pour tous et partout. La multiplication des demandes de regroupement de crédits est un des indicateurs de la hausse du nombre de ménages en difficulté. Car les taux d’intérêt ayant cessé de baisser, ce type d’opération ne vise plus à bénéficier de conditions de prêt plus avantageuses, mais à alléger ses mensualités autant que possible grâce à l’allongement de la durée d’endettement et ainsi, préserver l’équilibre de son budget.