Se faire administrer des médicaments quand on est enceinte ne doit jamais être pris à la légère. Le fait est que les substances contenues dans ces remèdes peuvent être dangereuses pour le bébé, en fonction du stade de la grossesse. Les antibiotiques, notamment ceux de la famille des macrolides, sont à prohiber autant que possible, étant des facteurs de risques d’anomalies congénitales. Les femmes enceintes peuvent se targuer de jouir de certains privilèges, notamment sur le plan santé, en France. Et ce, grâce à leur mutuelle maternité qui prend en charge les dépenses en matière de soins pouvant être très élevées. Il ne faut pas pour autant oublier que certains médicaments sont susceptibles d’impacter négativement sur le développement de l’embryon ou du fœtus. Des effets tératogènes, notamment, sont relevés suite à l’exposition de la mère à certains antibiotiques pendant le premier trimestre de sa grossesse. C’est du moins ce qu’a avancé la revue British Medical Journal en publiant les résultats d’une étude londonienne portant sur les liens entre les macrolides et les éventuelles malformations congénitales. À préciser que cette phase correspond à l’embryogenèse. L’évaluation du lien entre les malformations et la prise d’antibiotique L’usage d’antibiotiques est requis dans le traitement des infections bactériennes. Ceux appartenant à la classe des pénicillines, par exemple, aident à guérir des affections ORL (nez, oreilles, gorge…) et pulmonaires (poumons, bronches…). Pour autant, bon nombre de personnes sont allergiques à leurs principes actifs si bien que d’autres alternatives leur sont prescrites à la place. C’est bien le cas des macrolides. Comme le confirment les dires du Pr Heng Fan : Les antibiotiques macrolides sont utilisés pour traiter une grande variété d'infections bactériennes et sont parmi les antibiotiques les plus fréquemment prescrits pendant la grossesse dans les pays occidentaux. Pr Heng Fan À savoir, ce professeur est l'auteur principal d’une récente étude menée au sein de l’University College London. Celle-ci visait à jauger la corrélation existant entre cette famille de bactériostatiques, les anomalies congénitales majeures comme celles afférentes au cœur et à l’appareil génital, mais aussi certaines pathologies neuro-développementales relevées chez des enfants, à savoir : Les TSA (troubles du spectre de l’autisme) ; Le TDAH (trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) ; L’épilepsie ; La paralysie cérébrale. Plusieurs centaines de milliers de données ont alors été examinées pour y parvenir : 104 605 enfants âgés en moyenne de 5,8 ans, entre 1990 et 2016 ; 82 314 enfants nés de mères ayant pris des antibiotiques - macrolides ou pénicillines – avant la conception ; 53 735 autres en guise de contrôle. Risques accrus de malformations cardiovasculaires et génitales À l’issue de l’étude et après avoir considéré les autres facteurs d’influence, les résultats sont on ne peut plus irréfutables : les enfants de mères auxquelles ont été prescrits des macrolides pendant la grossesse sont davantage exposés à des malformations congénitales que celles ayant été traités sous pénicillines. De fait, sur les 8 632 individus observés, nés de mères ayant suivi un traitement aux macrolides à n’importe quel moment de la gestation, 186 enfants souffrant d’anomalies sévères ont été relevés, soit 2,15%. Tandis que le taux recule à 1,73% pour les petits patients nés de mères auxquelles l’on a administrées de la pénicilline (1 666 sur 95 973). Les chercheurs mettent surtout en garde contre la prescription de ces antibiotiques au cours du 1er trimestre, car le risque de malformation majeure est accru, à raison de 28 cas pour 1 000 avec les macrolides et 18 pour 1 000 pour les pénicillines. Dans les détails : 11 anomalies cardiovasculaires pour 1 000 avec les premiers et 7 cas pour 1 000 pour les secondes ; 5 anomalies génitales pour 1 000 avec les premiers et 3 cas pour 1 000 pour les secondes. La bonne nouvelle c’est qu’aucun des quatre troubles neuro-développementaux étudiés n’a pu être associé à la prise de ces antibiotiques. Du moins pour le moment étant donné que d’autres études vont être menées pour confirmer ce lien. Quoi qu’il en soit, il convient de préconiser le recours à d’autres remèdes alternatifs au cours de la période de gestation. Cela ne veut pas pourtant dire de négliger son traitement en cas d’affections avérées, car non traitées, ces dernières ne peuvent être qu’encore plus néfastes pour le bébé. Aux chercheurs de souligner : Les infections non traitées représentent un plus grand risque pour l'enfant à naître.