Les centres de santé ophtalmologiques visent, à la base, à faciliter l’accès aux soins et à remédier au manque de praticiens en France. Ces dernières années, ces établissements se sont multipliés à cause des attentes jugées trop longues chez les spécialistes et les cabinets libéraux. Toutefois, les abus constatés récemment tendent à ternir l’image de ces nouveaux acteurs. Les centres ophtalmologiques se présentent comme des alternatives intéressantes aux cabinets traditionnels. Ils sont nombreux à proposer des rendez-vous à toute heure, voire 7 jours sur 7 pour certains établissements. À travers ce positionnement, ces nouveaux acteurs cherchent à fournir en permanence des services de proximité à la population. Aujourd’hui, le système du tiers payant s’applique aussi à ces centres. Les patients peuvent donc être pris en charge par l’assurance maladie. Toutefois, cette dernière a récemment constaté des abus au niveau des remboursements et prévoit de mener une enquête plus poussée sur le sujet. Des pratiques frauduleuses ont également été dénoncées par les syndicats des praticiens libéraux. Une facturation remise en question De nombreux indices suggèrent l’existence d’anomalies dans le fonctionnement des centres ophtalmologiques. Par exemple, les praticiens y touchent une rémunération nette atteignant 1 500 euros par jour. Ce montant est trois fois supérieur au salaire moyen des ophtalmologistes qui exercent dans des cabinets libéraux. Certains établissements déploient par ailleurs des moyens faramineux pour acquérir les tout derniers équipements. Selon la CNAM (Caisse nationale d’Assurance Maladie), ces dépenses sont le plus souvent financées grâce à la facturation d’actes non justifiés, voire d’interventions fictives. Pour soutenir cette assertion, l’organisme évoque notamment le nombre d’actes étalés sur plusieurs jours pour chaque patient. Cette pratique a été constatée sur plus de 75 % des personnes prises en charge par les centres ophtalmologiques, contre seulement 0,5 % de l’ensemble des clients des cabinets libéraux. Eu égard à ces problèmes, la CNAM a récemment décidé de lancer une enquête sur le fonctionnement de ces nouveaux acteurs du secteur optique. Elle compte surtout se focaliser sur leurs pratiques tarifaires. Des hausses de tarifs exagérées La Sécurité sociale a commencé à avoir des soupçons en constatant une forte hausse des remboursements au niveau des centres ophtalmologiques depuis quelques mois. Comme l’a indiqué un document interne de la CNAM, dans un extrait relayé par Le Parisien : Pour une patientèle passée de 400 000 personnes en 2015 à 800 000 en 2019 (+100 %), le coût des remboursements s’est envolé de 245 %, à 69 millions d’euros. D’autre part, pour les 110 centres contrôlés, le tarif moyen pour une visite a augmenté de 63 % de 2015 à 2019. Pourtant, la hausse sur la même période était seulement de 11 % au sein des cabinets libéraux. Il est important de noter que ces pratiques frauduleuses concernent seulement une partie des nouveaux établissements spécialisés en ophtalmologie. Certains centres s’étonnent d’ailleurs des chiffres révélés par la CNAM. En même temps, ils dénoncent l’hostilité des libéraux à leur égard. Selon eux, les cabinets traditionnels ne semblent pas ouverts à la concurrence.