De nombreux pays de l’Union européenne ont pris des mesures de confinement en réponse à la propagation du coronavirus. Mais cette décision entraîne un ralentissement économique tel, que la présidente de la BCE anticipe une récession de 5 % dans la zone euro. Un tel scénario va avoir un impact lourd sur les finances publiques de la France. Envolée de la dette publique pour la France jusqu’en 2024 D’après Christine Lagarde, La crise sanitaire va faire baisser la croissance européenne de 2 à 10 points de pourcentage. Pour la France, cela signifie une envolée de la dette publique. François Ecalle, le président de l’association Fipeco, a cherché à évaluer les effets de la situation actuelle et à dessiner les perspectives pour les finances publiques sur la période 2020 à 2024. Il a pris comme hypothèse une évolution du PIB similaire à celle des années consécutives à la crise financière (2008-2012). Tout en admettant que Les causes et conséquences ne sont pas identiques, Il estime que l’étude permet de mesurer le possible impact d’un tel scénario et de réfléchir aux modifications à apporter à notre politique économique. D’après l’expert, Le déficit public serait de l’ordre de 4 à 5,5 % du PIB sur la période 2020-2024 Si les conditions suivantes sont réunies : solde structurel stable par rapport à 2019, solde conjoncturel évoluant suivant les fluctuations de l’activité économique, mesures temporaires de relance pour un montant de 31 milliards d’euros (soit 1,3 point de PIB) identique en 2009-2010 et 2020-2021. Priorité à la stabilisation de la dette en pourcentage du PIB Il anticipe en conséquence une Forte hausse de l’endettement public entre 2020 et 2021 (en partant de 99 % du PIB à fin 2019) avant un ralentissement jusqu’en fin 2024, pour arriver à 116 % du PIB. Sur les 5 ans, la dette publique connaîtrait ainsi une Progression de 17 points de PIB, contre 26 points entre fin 2007 et fin 2012. François Ecalle explique ces données par un Déficit structurel estimé à 2,2 % du PIB, contre respectivement 4,4 % et 4,1 % du PIB en 2007 et 2012. Il ajoute que L’augmentation de la dette aurait pu être limitée si la baisse du déficit structurel avait été plus marquée de 2010 à 2019. Malgré une augmentation inquiétante, l’expert affirme que La priorité est la stabilisation de la dette en pourcentage du PIB, indépendamment de son niveau. Celle-ci serait facilitée par une relance de la croissance dans un contexte de taux d’intérêt très faibles, lesquels continuent à encourager la souscription de prêts et le regroupement de crédits. Conséquences lourdes d’une dette jugée trop élevée par les marchés En reprenant son hypothèse de départ, Si le déficit primaire structurel colle aux prévisions pour 2024, la dette restera inférieure à 115 % du PIB. Il souligne l’importance de contenir ce déficit structurel, en limitant la durée de mise en œuvre des mesures de relance de l’activité et de soutien des ménages et entreprises. Pour autant, François Ecalle prévient que Si les acteurs des marchés financiers jugent une dette équivalant à 115 % du PIB excessive, ils sont susceptibles d’accroître la prime de risque sur les obligations d’État de la France. François Ecalle Cela signifie une augmentation des taux d’intérêt sur les emprunts souscrits par des établissements tricolores et un contrôle moins aisé de l’endettement public. Selon l’économiste, L’appartenance à l’UE et la possibilité d’acheter des titres publics de la BCE minimisent en théorie le risque d’un tel scénario. François Ecalle Encore faut-il une réelle solidarité entre les États, quelle que soit leur situation financière, solide ou fragile.