Depuis le 18 mars, les banques françaises sont tenues de détenir au minimum 0,5 % de fonds propres contracycliques. Une mesure prise par le Haut conseil de stabilité financière qui estime que la forte progression de la dette du secteur privé menace la croissance économique. Très controversée, cette décision soulève des débats dans les cercles d’économistes. Des mesures contradictoires qui laissent les économistes perplexes En France, la dette du secteur privé a gonflé de 5,5 % en un an. Une hausse jugée trop importante par les observateurs et une raison pour laquelle le Haut conseil de stabilité financière a pris des mesures pour freiner le phénomène d’endettement. Important De son côté, pour soutenir le crédit, la BCE poursuit une politique incitative, avec un taux directeur à 0 %, et des conditions d’emprunt toujours aussi favorables sur les prêts à 2 ans pour les banques européennes. Devant ce paradoxe, les économistes s’interrogent sur la pertinence de cette récente décision de la Banque de France. Une décision légitime Une première explication s’appuie sur le fait que la BCE tient compte de la situation du crédit dans l’ensemble de la zone euro. La croissance de l’endettement du secteur privé y est notamment estimée à 2 % sur un an. Ce qui justifie la politique expansionniste de l’institution européenne. Selon la situation de la dette dans chaque pays, leur banque centrale est libre d’adopter des stratégies contradictoires à celle de l’Union monétaire. Ce qui est le cas de la Banque de France aujourd’hui. Important Une seconde explication veut qu’en période expansionniste, les banques centrales adoptent des politiques restrictives pour limiter un endettement excessif et l’apparition de bulles d’actifs. Étant donné l’évolution de la dette des ménages (incluant les rachats de crédit), en hausse de presque 10 points de pourcentage entre 2010 à 2018, et celle des entreprises du secteur privé, certains économistes approuvent la mesure prise par le Haut conseil de stabilité financière. Une réaction mécanique Pour certains observateurs, le problème n’est pas tellement la progression de la dette, mais plutôt le fait de savoir si le crédit menace réellement la croissance économique. En effet, une analyse plus approfondie montre que la hausse de l’endettement n’a entraîné ni bulle immobilière ni bulle d’actifs. Aussi, elle n’a pas servi à financer des investissements pour dissimuler des baisses de profits. Raison pour laquelle d’autres économistes trouvent la réaction du Haut conseil de stabilité financière un peu trop mécanique.