La monnaie européenne fêtant cette année ses 20 ans, le gouverneur de la Banque de France a tenu à rappeler ses apports en matière de protection du pouvoir d’achat des consommateurs dans les pays membres. Dans sa traditionnelle lettre annuelle au Président de la République, François Villeroy de Galhau a ainsi évoqué la stabilité de l’inflation et des taux de change, ainsi que la faiblesse des taux d’intérêt. Inflation contenue et taux d’intérêt faibles grâce à la BCE Depuis la mise en place de l’euro, l’inflation annuelle se situe autour de +1,7 % dans la zone, en ligne avec l’objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE) de ne pas dépasser 2 %. En France, l’augmentation des prix a même été limitée à 1,4 %. Le taux de change entre l’euro et les devises des principaux partenaires commerciaux de l’Europe étant maîtrisé, les variations brutales et attaques spéculatives sont évitées, permettant aux entreprises qui réalisent des transactions internationales de faire des prévisions plus fiables. De plus, la confiance accordée à la BCE a entraîné une chute des coûts de financement, qui profitent depuis quelques années aux entreprises comme aux ménages. Important Entre 1999 et fin 2018, le taux des crédits professionnels aux PME est ainsi passé de 4,2 % à 1,6 % tandis que les particuliers qui achètent un bien immobilier, ils ne paient que 1,5 % d’intérêt au lieu de 5,6 %. Grâce à ces conditions de refinancement exceptionnelles, l’État français emprunte à des taux négatifs, ce qui l’aide à boucler son budget. Hausse des dépenses contraintes vs baisse du pouvoir d’achat Pour autant, la situation économique de la zone euro n’est pas parfaite. D’une part, depuis l’entrée en vigueur de l’euro, on constate une hausse de 24 % du prix du litre de gazole par rapport au salaire moyen individuel. Or, le carburant est un poste de dépense très important pour des millions de Français. D’ailleurs, la part des dépenses « contraintes » sur le budget global mensuel des familles a grimpé à 53 % en 2018, soit 3 points de pourcentage de plus qu’en 2001. Le logement est la principale cause de cette augmentation, devant l’alimentation, le transport, la santé et la prévoyance, l’assurance, les télécommunications. La conséquence de cette pression plus forte est une croissance plus lente du reste à vivre des Français par rapport à leurs revenus. Mais surtout, le pouvoir d’achat des consommateurs a fortement baissé au lendemain de la crise de 2008, et n’est revenu à son niveau initial qu’en 2016. Pour joindre les deux bouts, des milliers de personnes ont eu recours au rachat de crédits, qui consiste à transformer ses dettes en cours en un nouveau prêt d’une durée plus longue. Le montant des mensualités de remboursement est ainsi mécaniquement allégé. Des axes d’amélioration pour soutenir la croissance et affirmer la souveraineté européenne Dans ce contexte, la Banque de France recommande aux États ne disposant que d’une marge budgétaire limitée d’entreprendre les réformes structurelles nécessaires pour relancer leur croissance. L’Europe doit en outre finaliser son Union Bancaire afin de renforcer sa capacité de résistance contre les chocs négatifs externes et garantir le financement continu de l’économie, quelles que soient les circonstances. Ce renforcement doit par ailleurs élever l’euro au rang de monnaie de référence pour les échanges commerciaux et comme monnaie de réserve, concurrençant ainsi le dollar, et contribuant à asseoir la souveraineté européenne. Encore faut-il que les dirigeants entendent l’appel des économistes pour une meilleure coordination budgétaire et fiscale entre les pays d’Europe.