En mai 2019, les taux d’intérêt sont descendus en dessous des seuils record enregistrés en novembre 2016. Depuis, ils poursuivent leur repli, ce qui pourrait laisser penser que tous les ménages, y compris les plus modestes, vont pouvoir facilement devenir propriétaires. Mais malgré ces conditions d’emprunt exceptionnelles, le marché de l’immobilier n’est pas aussi favorable qu’il y parait. Accès à la propriété plus tardif et plus difficile Important Les taux nominaux des prêts immobiliers sont tombés à des niveaux historiquement bas. L’Observatoire du Crédit Logement/CSA affichait au mois de juin une moyenne à 1,25 % toutes durées confondues, et en dessous de 1 % pour les crédits courts ou les dossiers les plus solides. D’après la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), Le pouvoir d’achat immobilier des Français a atteint son plus haut depuis 2002 malgré des disparités entre les différentes agglomérations. Pour autant, la situation n’est pas aussi favorable qu’au cours des décennies précédentes. Les banques ont durci leurs conditions d’octroi, aussi bien pour préserver des marges déjà moindres que pour limiter leur exposition aux risques, se conformant ainsi aux règles prudentielles en vigueur. En outre, la stagnation des salaires et l’aggravation de l’instabilité et la précarité professionnelles affectent la solvabilité des emprunteurs. Du fait des difficultés croissantes des Français à obtenir un emploi stable et se constituer un apport personnel, l’acquisition d’un premier bien immobilier ne s’effectue qu’à 33 ans en moyenne. La difficulté d’accès au logement est également due au déséquilibre entre une forte demande et une offre stagnante, entraînant des tensions sur le marché, en particulier au sein des grandes métropoles à l’urbanisation galopante. Le déficit de logements est estimé à 500 000 unités alors que les nouvelles constructions peinent à suivre. À l’inverse, de nombreuses zones rurales sont désertées. Poids en hausse du crédit immobilier sur le budget des ménages Avec la cherté actuelle des biens, en particulier dans les grandes villes, les crédits sont de plus en plus longs. Important La durée de remboursement moyenne se situe à 19 ans et trois mois, en progression de 30 mois en cinq ans. Mais les très jeunes emprunteurs peuvent décrocher un financement sur 25 ans, voire sur 30 ans. Au prix du logement s’ajoutent les droits de mutation, les impôts et charges ainsi que le coût d’éventuels travaux. En conséquence, le capital souscrit auprès de la banque augmente régulièrement depuis plusieurs années, dépassant les 170 000 euros en 2018. Aussi, la part des revenus consacrée au remboursement (appelé « taux d’effort ») est en constante hausse. Pourtant, cet indicateur aurait dû baisser en même temps que les taux. Sauf que l’amélioration de la conjoncture pour les emprunteurs immobiliers a dopé l’activité sur le marché, tirant les prix vers le haut, surtout dans les zones tendues. Le taux d’effort moyen se situe donc actuellement à 30 % et même jusqu’à 40 % pour les acquéreurs moins fortunés, avec pour conséquence le ralentissement de la consommation et de la croissance économique. Bon nombre de ménages doivent recourir au rachat de crédits pour réduire le montant de la mensualité et préserver l’équilibre de leur budget.