Au Maroc, la dégradation de la situation financière des ménages les contraint à recourir au découvert bancaire pour couvrir toutes leurs charges. À fin juillet, l’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie a atteint 17,1 milliards de DH, en hausse de 11,3 % sur un an. Sur les sept premiers mois de l’année, le taux d’augmentation de cet indicateur est de 5,1 %. Situation financière dégradée pour plus de 33 % des ménages Si le découvert servait généralement à faire face à un imprévu, il est aujourd’hui régulièrement utilisé pour boucler les fins de mois difficiles. En effet, d’après un rapport du Haut-commissariat au plan portant sur l’année 2017, 35,4 % des Marocains déplorent la détérioration de leur situation financière. Important Bank Al-Maghrib note de son côté une aggravation de l’endettement des ménages, qui a crû de 4,4 % entre 2016 et 2017 pour s’établir à 323 milliards de DH. Pourtant, entretemps, leur patrimoine financier s’est enrichi de 6,8 % à 762 milliards de DH. Profil des particuliers utilisateurs du découvert bancaire Important À cause de ces difficultés, en moyenne 33 % des clients des agences bancaires de Rabat demandent un découvert, et leur proportion grimpe même à 70 % à Casablanca. La plupart d’entre eux sont des salariés ou fonctionnaires aux salaires faibles ou moyens, mais il arrive également que des personnes disposant de revenus supérieurs à 20 000 DH sollicitent ce moyen de financement. Leurs motivations sont variées : certains y recourent de manière récurrente pour payer leurs dépenses courantes après règlement des traites pour leur voiture ou les mensualités relatives à un prêt immobilier. D’autres se tournent vers leur banquier durant des périodes spécifiques où leurs besoins de trésorerie augmentent, comme les vacances d’été, l’Aid ou la rentrée scolaire. D’autres préfèrent le rachat de crédits pour alléger leurs mensualités de remboursement et diminuer leur taux endettement. Des conditions variables en fonction des banques et des clients Important Afin de satisfaire une demande croissante, les banques incluent le découvert dans leurs packs, moyennant un surcoût mensuel d’environ 100 DH. Le taux se situe autour de 12 %, mais en fonction du profil du client (niveau et régularité des revenus, possession de biens à mettre en garantie comme un terrain à nantir, un portefeuille titres ou un plan d’épargne) et du montant, les conditions peuvent sensiblement varier. Important De même, le plafond de découvert autorisé en pourcentage du salaire va dans la plupart des établissements de 50 % à 80 %, mais quelques-uns accordent jusqu’à 100 % du reste à vivre. C’est d’ailleurs un de leurs arguments pour inciter leur clientèle à s’équiper. Il faut dire que ce service représente une source de revenus non négligeable pour les banques, qui facturent des intérêts débiteurs auxquels s’ajoute le prélèvement périodique d’agios et de commissions. Il est donc recommandé de vérifier le contenu de son pack au moment d’ouvrir son compte afin d’éviter une utilisation abusive lourde de conséquences. Il s’avère également essentiel de bien se renseigner quant aux frais appliqués avant toute requête pour un découvert pour éviter toute mauvaise surprise.