Actuellement, les caméras disponibles sur le marché permettent de surveiller son domicile en temps réel grâce à son smartphone. Cette technologie est très prisée des Américains et tend à se multiplier à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs maisons. Toutefois, l’omniprésence de ces dispositifs connectés augmente les risques de piratage et menace la vie privée des utilisateurs. Discrète et pratique, la nouvelle génération de caméras de surveillance permet entre autres d’observer son chien à distance, de vérifier l’arrivée des livreurs, etc. Ce type de dispositif pourrait aussi être utile pour anticiper les clauses d’exclusion dans une assurance habitation propriétaire. Toutefois, il soulève inévitablement des questions relatives à la cybersécurité et à la protection de la vie privée des utilisateurs. La filiale d’Amazon, Ring, l’a notamment appris à ses dépens. En effet, des pirates informatiques ont réussi à profiter des failles de son réseau pour menacer certains clients. Sa plateforme permettant de partager les images de vidéos surveillance avec la police est tout aussi problématique pour les citoyens. Des risques de dérives non négligeables Aux États-Unis, plus de 600 forces de l’ordre locales collaborent actuellement avec Ring. Les policiers peuvent notamment demander aux utilisateurs vivant dans un quartier donné de partager leurs enregistrements pour les aider dans une enquête ou une reconstitution. Cette opération est par ailleurs facilitée par le réseau social de l’entreprise baptisé Neighbors. La police propose même des financements publics à certaines collectivités pour aider les habitants à acquérir des caméras Ring. Toutefois, un sénateur a mis en garde contre les dérives de l’utilisation systématique de Neighbors. Selon lui : L'intégration du réseau de caméras Ring avec les forces de police peut facilement créer un réseau de surveillance accablant dangereusement les personnes de couleur. De son côté, l'association Fight for Future dénonce l’utilisation de ces méthodes par les forces de l’ordre. Ces dernières contournent en effet les garde-fous mis en place par le processus démocratique contre la surveillance abusive de la population. Le réseau menace ainsi le droit des citoyens à la vie privée. Comme l’explique l’organisme : Jusqu'ici, si un service de police voulait installer des caméras de surveillance dans sa ville, il devrait d'abord obtenir l'accord des élus et des citoyens. Pour sa défense, le PDG de Ring a évoqué lors du CES 2020 la contribution de l’entreprise dans de nombreuses arrestations. Ce type de collaboration n’existe pas encore en France. La méthode est, en revanche, déjà utilisée dans deux villes britanniques selon Dave Ward, directeur Europe de Ring. Elle ne recourt cependant pas à Neighbors, non disponible sur le continent. Des best-sellers dans le secteur de la domotique Aux États-Unis, la criminalité a sensiblement baissé depuis une trentaine d’années. Cependant, les Américains continuent d’acheter massivement des caméras pour leurs domiciles afin d’améliorer leur sentiment de sécurité. Par ailleurs, ces équipements sont souvent associés à des serrures connectées pour pouvoir verrouiller ou déverrouiller sa porte à distance grâce à son téléphone. L’énorme succès des systèmes de surveillance aux États-Unis s’explique aussi par un besoin propre aux consommateurs locaux. Au-delà des questions de sécurité, ils désirent avoir la possibilité d’observer en direct l’intérieur ou l’extérieur de leur domicile. De cette manière, ils peuvent par exemple surveiller leurs enfants, leur chien, le jardinier, etc. Comme le soulignent les analystes du cabinet d’expertise Strategy Analytics : En 2019, la sécurité constitue le moteur des ventes d'appareils pour la maison intelligente aux États-Unis. C'est moins une priorité en Europe de l'Ouest et en Asie Pacifique, où les consommateurs sont davantage intéressés par des solutions de management de l'énergie de leurs domiciles. Ainsi, les sonnettes avec caméras intégrées ont fait partie des équipements domotiques les plus populaires sur le marché américain en 2019. Les chiffres de ventes ont atteint les 3 millions, soit une progression de 46 % par rapport à l’année précédente. La popularité de ce type de dispositif était également visible lors du CES 2020. D’ailleurs, même les professionnels du bâtiment ont proposé ces produits tendance. En dehors de Ring, Nest, une filiale de Google, figure parmi les acteurs majeurs dans le domaine de la sécurité. Cette start-up a été rachetée par le géant américain en 2014. Depuis, l’enseigne a progressivement gagné en parts de marché au détriment d’ADT, leader historique du secteur.