Selon une étude, près de neuf sur dix des femmes en cours de grossesse pratiquent l’automédication. En parallèle, 70 % des Françaises avouent ne pas être raisonnablement averties des risques qu’entraîne la consommation de médicament pendant cet état. Compte tenu de ce contexte, l’ANSM a instauré une campagne de sensibilisation sur YouTube et sur un site dédié. En Europe, la malformation sévère touche entre 2 et 3 % des nouveau-nés. Selon Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 5 % sont liés à un traitement. Dans l’Hexagone, cela représente environ 800 à 1 200 enfants. Cependant, les répercussions des médicaments en cause peuvent être décelées des années après. Sur ce point, le danger varie en fonction de l’avancée de la grossesse. La directrice de la surveillance de l’ANSM, Céline Mounier, explique que le risque de malformations atteint son paroxysme au cours du premier trimestre. Pour ne citer que le thalidomide, donné dans les années 1950 et 1960 aux femmes enceintes victimes de nausées. Méconnaissance des risques liés D’où l’mportance pour les corps médicaux, mais aussi pour les patients, de s’informer de manière régulière. Le médecin généraliste Sylvain Bouquet spécifie par exemple : On commence seulement à se poser la question des médicaments des hommes qui ont un effet sur la spermatogénèse. Sylvain Bouquet Au cours de la grossesse, la prise entre autres d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est déconseillée. Parmi les plus courants figure à ce propos l’ibuprofène, un produit en libre accès dans les pharmacies. À noter que pour cette raison, celui-ci fera l’objet d’une exclusion dans certains contrats de mutuelle maternité. Épidémiologiste au sein de l’ANSM, Emmanuelle Ripoche souligne que ces médicaments sont autorisés durant les trois premiers mois. Néanmoins, ils sont seulement prescrits sur avis médical et dans des situations exceptionnelles, précise-t-elle. Selon la professionnelle, une seule injection à partir du quatrième mois peut provoquer le décès du fœtus. Dans ce cadre, seuls 30 % des Françaises s’estiment suffisamment renseignées sur les risques de la prise de médicaments durant la grossesse. Un chiffre établi lors d’une étude menée auprès de 2 000 individus par l’Institut Viavoice en novembre 2019 et 2020. S’agissant de l’alcool ou du tabac, le pourcentage monte à 70 %, tempère Christelle Ratignier-Carbonneil qui remarque une marge de progression. L’ANSM a déployé une campagne d’information La directrice conseil chez Institut Viavoice, Amandine Messina, indique en effet que : 89 % des femmes qui ont un projet de grossesse font de l’automédication, 36 % des femmes enceintes pour la première fois, 48 % pour une deuxième grossesse et plus. Amandine Messina Autre problème, 17 % des femmes qui suivent un traitement à long terme après avis du médecin l’abandonnent en cours de grossesse. 29 % d’entre eux prennent la décision sans avoir consulté un praticien. Par rapport à cela, Céline Mounier déplore la vulgarisation de la consommation de médicaments en France. Au cours des trois trimestres de grossesse, neuf produits sont en moyenne prescrits, annonce-t-elle. La responsable au sein de l’ANSM ajoute qu'ailleurs, l’on se limite à deux. Au vu de tous ces faits, l’ANSM a mis en place le 2 juin dernier une campagne de sensibilisation sur le thème : Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment. Important Elle se tient en ligne sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il est aussi possible de la voir à travers des contenus sur YouTube. Deux généralistes en la personne de Sylvain Bouquet et Corentin Lacroix présenteront des vidéos sur la plateforme.