Le 5 novembre 2018, deux immeubles se sont effondrés à Marseille, rue d’Aubagne. Deux ans après cette tragédie, la lutte contre les logements insalubres dans la ville n’avance pas. C’est ce que révèle le coprésident de l’association Un centre-ville pour tous, Emmanuel Patris. Ce dernier fait également partie du collectif du 5 novembre. Un logement est considéré comme insalubre lorsqu’il présente des risques en matière de santé ou de sécurité pour ses occupants. Ce type de bien est le plus souvent habité par les populations instables et modestes, qui peuvent ainsi avoir du mal à payer une assurance habitation. À Marseille, les urgences persistent malgré les mesures déjà déployées pour lutter contre l’habitat insalubre, estime Emmanuel Patris. Les 25 et 26 novembre 2020, Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée au Logement, s’est rendue dans la ville pour se pencher sur le sujet. Le premier comité chargé de piloter le projet partenarial d’aménagement du centre-ville marseillais l’a assistée. Pas d’avancées tangibles en deux ans Emmanuel Patris indique que deux ans après l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne, 400 personnes habitent toujours dans un hôtel. Par ailleurs, plus de 1 000 individus occupent un logement temporaire et n’ont pas pu retourner dans le quartier de Noailles. Le coprésident de l’association Un centre-ville pour tous commente : Les urgences sont toujours là. Il y a une continuité dans le rythme des arrêts de péril. Nous avons appris […] que la cité du Petit Séminaire, près de Frais Vallon, devra être évacuée […]. Près de 200 personnes y vivent. Emmanuel Patris D’autre part, le « Permis de louer » entraîne des effets pervers comme l’absence de baux ou l’essor de la location touristique. Originellement, il a été mis en place pour identifier les immeubles affichant un extrême état de dégradation. Important L’accompagnement de la signature des baux et l’établissement de lois régissant la location saisonnière sont nécessaires pour éviter les dérives. Les enjeux de la lutte contre le logement insalubre n’ont pas été cernés Emmanuel Patris regrette également que les résultats des OPAH (opérations programmées d’amélioration de l’habitat) à Marseille tardent à se faire ressentir. Il souligne notamment que les subventions accordées aux propriétaires pour leur permettre d’effectuer des travaux sur des bâtiments placés sous arrêté de péril sont en sous-régime. Dans le détail, sur les 4 000 immeubles reconnus comme insalubres dans la ville, 5 uniquement ont fait l’objet d’une réhabilitation suite à l’obtention de subventions. Ce chiffre représente 0,1 % de l’objectif fixé. En outre, les objectifs en matière de construction de logements très sociaux indiqués dans le premier projet du PLH (programme local de l’habitat) s’avèrent insuffisants. De plus, ils ne sont pas équilibrés. Il s’agit pourtant d’un enjeu capital dans la lutte contre le logement insalubre. Emmanuel Patris note : La Métropole n’a toujours pas pris la mesure des enjeux. Emmanuel Patris