Génération Y, la plus riche de l’histoire sur le plan matériel ?

Écrit par La rédaction Meilleurtaux . Mis à jour le 24 janvier 2020 .
Temps de lecture : 3 min

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Publié le lundi 27 janvier 2020 09:28 par la Rédaction Meilleurtaux

Les jeunes des générations Y et Z se plaignent de leur paupérisation et de la dégradation des conditions de vie. Pourtant, une étude réalisée par YPulse indique un niveau de richesse sans précédent pour ces derniers. Luc Arrondel, directeur de recherche au CNRS, explique à Atlantico les origines et l’impact de cette richesse sur les comportements.

Enrichissement de la population française de génération en génération

En France, la Comptabilité Nationale indique que

Le stock global de patrimoine brut (incluant les dettes) des Français a été multiplié par 2 entre 2000 et 2017.

Passant d’un peu moins de 6 000 à plus de 13 000 milliards d’euros.

Cette somme représente 5,7 fois le PIB français et 9,5 fois le revenu disponible brut des ménages, contre 6 fois au début du millénaire. D’après les chiffres,

L’ensemble de la population s’est donc enrichie sur la période.

Cette conclusion est confirmée par les enquêtes « Patrimoine » réalisées par l’Insee. Au même âge, le niveau de richesse des générations successives a augmenté. Mais en parallèle, les écarts relatifs de patrimoine médian brut se sont accentués au fil du temps. Alors que la situation s’est améliorée entre 2004 et 2014 pour les seniors, elle s’est dégradée pour les moins de 40 ans.

Pour ceux qui accumulent les dettes, le rachat de crédits devient une porte de sortie, surtout dans le contexte de taux d’intérêt faibles actuels.

Les emprunts en cours sont regroupés et transformés en un contrat unique à la durée allongée, ce qui permet d’alléger les mensualités et de préserver l’équilibre du budget du ménage.

Augmentation des transmissions patrimoniales après les réformes fiscales

Si les plus jeunes deviennent plus riches grâce à l’héritage de leurs parents « baby-boomers », celui-ci intervient de plus en plus tardivement, autour de 51 ans actuellement, soit 9 ans de plus qu’en 1984.

Important Afin de compenser ce déséquilibre intergénérationnel, les pouvoirs publics ont progressivement réformé la fiscalité de la succession.

Ils ont ainsi triplé l’abattement sur les transmissions patrimoniales vers les descendants en 2007 pour atteindre 150 000 euros avant d’être réduit à 100 000 euros. Par ailleurs, les enfants pouvaient recevoir une donation tous les 6 ans sans avoir d’impôt à payer, mais ce délai de non-rappel a été ramené à 15 ans.

Important Ces mesures ont entraîné une hausse des donations à des enfants adultes.

Le pourcentage de parents ayant effectué une telle opération a grimpé à 15 % en 2010, alors qu’il se situait à 9 % seulement en 1992.

L’étude révèle néanmoins des

Disparités importantes en fonction de la catégorie socioprofessionnelle et du niveau de richesse.

• Les agriculteurs sont les plus nombreux à réaliser une transmission patrimoniale entre vifs (40 %).
• Parmi les autres indépendants et les cadres, un ménage sur cinq y a recours, une proportion plus deux fois supérieure à celle des employés et ouvriers.
• La pratique est très courante chez les ménages appartenant au centile le plus élevé (environ 50 % contre 6 % dans le quartile le moins fortuné).

Influence des transmissions précoces sur le comportement des bénéficiaires

D’après une enquête mondiale,

Les bénéficiaires du transfert de patrimoine sont plus enclins à faire l’acquisition d’une résidence principale ou à se lancer dans la création/le rachat d’une entreprise.

Ces deux types d’investissements sont d’autant plus fréquents que les donataires sont jeunes.

En France, le ratio entre les transmissions patrimoniales et le PIB est proche de 11 %, en croissance de 100 % au cours des 3 dernières décennies. S’il est complexe de mesurer le niveau absolu de la part des donations et héritages dans le patrimoine global est difficile, il est possible d’évaluer les fluctuations dans le temps.

Pour cela, les économistes analysent, pour une année donnée, le rapport B/S entre le flux des transmissions et celui de l’épargne. Si la richesse héritée a crû plus rapidement que le patrimoine constitué en propre, l’héritage pèse plus lourd. En France, ce ratio est en hausse depuis 1970 et dépasse aujourd’hui 50 %.