D’après une étude récente, l’exposition à des rayonnements, même à faibles doses, contribuerait à donner un certain avantage aux cellules cancéreuses dans l’organisme. De ce fait, le sujet en question présente des risques élevés de développer un cancer. Le niveau d’irradiation considéré équivaut à environ trois scanners selon les scientifiques, qui restent néanmoins rassurants à ce stade de l’expérimentation. Pour expliquer l’apparition des cancers, les scientifiques comparent souvent le corps humain à un immense champ de bataille. En effet, les cellules saines et celles portant des mutations sont continuellement en concurrence au niveau des tissus ou des organes. Ainsi, tout le monde possède des cellules mutantes qui pourraient éventuellement devenir cancéreuses. Néanmoins, elles évoluent rarement jusqu’à ce stade. Il est possible d’empêcher ou de ralentir la transformation de ces cellules mutantes en adoptant un mode de vie sain et en évitant certains produits. En revanche, ce phénomène peut être favorisé par divers facteurs comme la pollution, le tabagisme, ou encore l’exposition à des rayonnements. Un risque non négligeable Jusqu’à présent, l’exposition à de fortes doses de radiations est communément reconnue comme un facteur de risque important pour le cancer. Les niveaux moins élevés sont ainsi considérés, a fortiori, comme sans danger. Cependant, une recherche menée récemment semble indiquer le contraire. Selon cette étude, l’application de rayonnements de faibles doses sur un organisme vivant peut aussi contribuer à la prolifération des cellules cancéreuses. L’article en question a été publié dans la revue scientifique Cell Stem Cell. Dans le cadre de la recherche, l’équipe du Sanger Institute a appliqué une dose d’irradiation de 50 milligrays au niveau de l’œsophage des souris. Suite à cette exposition, les cellules mutantes p53 se sont rapidement propagées chez les sujets et ont fini par supplanter les cellules saines. Ce type de mutation est reconnu par la communauté scientifique comme un indice caractéristique du cancer. À un autre stade de leur expérience, les chercheurs ont administré de la N-acétylcystéine (ou NAC, un antioxydant disponible dans le commerce) aux souris avant de les exposer à la même dose de radiation. Cette fois-ci, les cellules saines ont réussi à empêcher la multiplication des cellules mutantes p53. Ainsi, l’antioxydant a permis d’aider les organismes sains à éliminer les anomalies, malgré l’exposition aux rayonnements. Toutefois, il ne semble pas provoquer cet effet lorsqu’il est administré seul, sans irradiations. Des recherches supplémentaires sont nécessaires Les mutuelles prennent en charge divers actes médicaux nécessitant une attention particulière en matière de sécurité radiologique. De ce fait, cette étude pourrait inquiéter les acteurs du secteur au même titre que les patients. Cependant, les auteurs de l’article soulignent le fait que ces résultats devront encore être confirmés par des observations chez l’homme. En effet, leurs expérimentations ne concernent jusqu’ici que des souris. Chez ces dernières, les chercheurs ont mis en avant les effets des rayonnements en concentrant, en une seule fois, le niveau de rayonnements de trois à quatre tomodensitogrammes. Bien que cette dose soit communément admise comme inoffensive, l’exposition à ce taux de rayonnements semble stimuler les cellules cancéreuses en devenir. Elles parviennent ainsi à prendre l’avantage sur les cellules saines. Selon un des principaux auteurs de l’article, le Dr David Fernandez-Antoran : Notre corps est le décor du film « La Guerre des Clones », une bataille sans fin entre cellules normales et cellules mutantes. […] Nous montrons que même de faibles doses de radiation, équivalentes à trois examens scanner, donnent un avantage aux cellules mutantes, potentiellement cancéreuses. Nous avons découvert un risque supplémentaire de cancer dû aux radiations qui doit être reconnu. Dr David Fernandez-Antoran Sans vouloir être trop alarmistes, les chercheurs démontrent ainsi les risques représentés par les irradiations, même à faibles doses. Néanmoins, des travaux supplémentaires sont encore nécessaires pour approfondir le sujet.