Le marché français de l’assurance dommages est actuellement valorisé à 55 milliards d’euros. Conscientes des gains potentiels, les banques se sont lancées dans la distribution de ce type de contrat depuis quelques années. Elles continuent par ailleurs à développer leurs activités sur ce marché pour se protéger d’une conjoncture défavorable dans leur propre secteur (taux faibles, chute des marges, etc.). Disposant d’une base de clients solide, de nombreuses banques proposent actuellement des offres propres aux assureurs, comme des contrats d’assurances habitation propriétaires, de multirisques habitation... Elles misent sur ces activités potentiellement plus rentables pour compenser la baisse des marges dans leur cœur de métier. Ainsi, les établissements bancaires représentent de sérieux concurrents pour les assureurs et les courtiers. En 2018, le marché des assurances a enregistré une progression de 2,1 % dans l’Hexagone. Selon les spécialistes, ce chiffre devrait encore augmenter à l’avenir avec la hausse du nombre de population. Pour rentabiliser leurs activités sur le long terme, les banques poursuivent leur expansion dans le secteur assurantiel. Une tendance affectant la productivité des assureurs Les experts assimilent désormais les établissements des grands réseaux bancaires à des agences d’assurance en raison de leur performance dans le domaine. D’après le cabinet Facts & Figures, chaque agence du Crédit Mutuel-Centre Est Europe-CIC génère en moyenne environ 120 000 euros de commissions en assurance dommages. Un montant considérable étant donné qu’il n’inclut pas encore les commissions obtenues grâce aux autres contrats comme l’assurance-vie et la prévoyance. À titre de comparaison, un distributeur attitré (ou agence générale d’assurance) engrange 300 000 euros en moyenne en vendant les produits d’un assureur. Les autres banques de réseau perçoivent également des commissions non négligeables sur le marché de l’assurance dommages, à l’instar du Crédit Agricole (99 000 euros), du Crédit Mutuel Arkea (96 000 euros), ou encore Société Générale (55 000 euros). D’ailleurs, selon Facts & Figures, cette activité contribue à hauteur de 6 % aux chiffres d’affaires de ces groupes bancaires. Le développement de ces nouveaux concurrents affecte réellement les agences générales d’assurance qui peinent déjà à résister à la multiplication des courtiers. Par ailleurs, les clients ont depuis peu tendance à déserter les réseaux de distribution traditionnels. Les particuliers, par exemple, ont abandonné les agences en raison de la cherté des prix pratiqués sur le marché. Ainsi, la clientèle des assureurs s’amenuise continuellement dans ce secteur concurrentiel. Facts & Figures révèle que les représentants des compagnies d’assurances ont perdu 800 000 contrats multirisques habitation de 2012 à 2018, et 500 000 clients potentiels en assurance automobile. Démotivés, les agents d’assurance ont désormais besoin de trois fois plus de temps par rapport aux banques pour finaliser un contrat. Une menace réelle, mais sous-estimée par les principaux concernés Dans son dernier baromètre annuel, Facts & Figures a souligné la montée en puissance des banques sur le marché de l’assurance dommages. Pourtant, les assureurs ne semblent pas s’alarmer de la progression de ces concurrents non négligeables dans le secteur. Selon les analystes du cabinet, le manque de vigilance des compagnies d’assurances les empêche d’endiguer le développement des banques dans le domaine de l’assurance dommages. Pour rappel, ces contrats permettent de couvrir les sinistres de responsabilité civile et les dégâts aux biens. Les banques ont ainsi la possibilité d’accroître leurs parts de marché en toute sérénité. Les établissements bancaires commencent sérieusement à menacer la place des principaux opérateurs présents sur le marché. En assurance multirisque habitation par exemple, ces nouveaux acteurs ont réussi à décrocher 26 % de l’ensemble des contrats proposés en 2018. Les banques se révèlent particulièrement performantes sur le marché des particuliers. Elles se sont en effet emparées de 19 % du marché s’il faut tenir compte du chiffre d’affaires réalisé sur la même période. Leur plus grand atout réside dans la conversion des clients acquis à travers leurs services bancaires. La relation de confiance établie en amont facilite la vente des contrats d’assurance. En revanche, les banques sont encore peu présentes sur le segment des entreprises et des clients professionnels. Leurs parts de marché ne s’élèvent encore qu’à 4 %. Toutefois, les analystes prédisent un renforcement imminent des stratégies d’acquisition de ces profils clients. Pour l’instant, seuls le Crédit Agricole et la Banque Populaire font état d’une avancée majeure dans ce domaine.