Société anonyme depuis 2003, l’organe central de Groupama est devenu début juin une société d’assurance mutuelle. Pour Thierry Martel, le directeur général du groupe, dans une interview, l’opération répond davantage à des objectifs « symboliques et stratégiques que purement financiers ». Si cette nouvelle organisation est censée favoriser le développement de l’assureur mutualiste, des défis de taille l’attendent. Des défis majeurs et des menaces venant des assureurs traditionnels et des banques Dans un contexte de consolidation sur son secteur, Groupama se dit prête à se rapprocher d’autres mutuelles au travers d’une mise en commun de ressources ou de rachats. Il serait d’ailleurs en discussion avec différents acteurs du marché pour gagner en puissance, alors que la transformation digitale et l’évolution réglementaire sont de plus en plus contraignantes pour les acteurs du marché. Important Le principal défi à relever est la relation client, alors que les coûts d’acquisition explosent. Grâce à sa proactivité et à une tarification personnalisée, l’assureur affiche actuellement un taux de résiliation à l’initiative de ses sociétaires plus faible que chez la concurrence (6 %). Ce chiffre est d’ailleurs resté stable malgré la loi Hamon, qui autorise le changement d’assurance emprunteur pendant la première année du crédit. Quant aux menaces, d’après Thierry Martel, elles viendront principalement des compagnies d’assurance traditionnelles, mais également des banques, surtout des enseignes mutualistes. En revanche, il redoute moins l’arrivée des GAFA sur un marché nécessitant des capitaux importants et de larges réseaux de prestataires afin d’offrir un service de qualité. Plusieurs leviers de croissance, notamment une croissance à l’international Pour soutenir sa croissance à court terme, Groupama mise notamment sur les assurances de personnes et l’assurance de prêt immobilier avec l’entrée en vigueur de la loi Bourquin, qui permet la résiliation et le remplacement de son contrat. En outre, la diminution des taux de remplacement va pousser de nombreux Français à souscrire une épargne-retraite pour compléter leurs revenus. Sur ce produit en particulier, le gouvernement travaille à une réforme qui donnerait aux épargnants le choix entre une sortie en capital ou en rente et permet une défiscalisation à l’entrée. Quant à l’assurance automobile, Thierry Martel ne prévoit pas de changement lié aux voitures autonomes en France avant 10 ans. Toutefois, il estime urgent de s’adapter dès maintenant aux nouvelles mobilités, raison pour laquelle le niveau de garanties est standardisé pour tous les contrats Groupama. Concernant l’évolution du monde de l’assurance, cet expert anticipe un basculement vers la prévision des sinistres afin d’aider les clients, voire anticiper leurs attentes. C’est dans cet esprit que l’assureur a conclu un partenariat avec Orange autour de la domotique. La stratégie de développement de Groupama repose également sur la consolidation de sa position à l’international. Dans les 10 pays où le groupe est représenté, il entend jouer un rôle grandissant tout en préservant sa bonne rentabilité actuelle.