Entré en vigueur le 12 janvier 2018 après validation par le Conseil constitutionnel, l’amendement Bourquin permet aux détenteurs d’un crédit immobilier de renégocier annuellement leur assurance. En trois mois, la perspective d’économiser jusqu’à 10 000 euros a poussé de nombreux emprunteurs à se tourner vers des compagnies spécialisées proposant des contrats individuels moins onéreux. Intérêt croissant des emprunteurs pour le changement d’assurance Un trimestre s’est écoulé depuis la validation du droit à la résiliation annuelle de l’assurance emprunteur. Selon les assureurs et les courtiers, le nombre de demandes de changement de couverture est en forte hausse, car sur toute la durée du prêt, le montant de la prime peut diminuer de 5 000 à 8 000 euros, voire 10 000 euros. Si tous ces intentionnistes vont au bout de leur démarche, les banques risquent de perdre des centaines de millions d’euros de revenus cette année. EssentielEn effet, ces dernières années avec la chute des taux d’intérêt et le durcissement de la réglementation relative aux frais de gestion, les organismes prêteurs ont compensé leur manque à gagner sur l’assurance. Les taux de marge peuvent ainsi grimper jusqu’à 40 % ou 50 %, voire 70 % dans le cas de jeunes non-fumeurs en bonne santé, profil qui présente un risque faible. Or, en moyenne, l’assurance représente presque 25 % du coût du crédit, parfois davantage. Enfin, les consommateurs déplorent le refus des banques de leur redistribuer une partie des bénéfices techniques et financiers réalisés sur la couverture de leur prêteur. Toutes ces raisons encouragent les emprunteurs à chercher ailleurs une protection moins chère, mais présentant des garanties égales à celle du contrat de groupe de l’établissement prêteur, ainsi que l’exige la loi. Contre-offensive des banques pour conserver leurs clients Si les assureurs externes commencent à ressentir les effets de la réforme, les banques n’ont pas attendu pour mettre leur défense en place. Elles n’hésitent pas à proposer des rabais sur les primes, ou des rajouts de garanties pour fidéliser les clients. Certaines développent même des formules individualisées. Ce qui ne les empêche pas de se plaindre des dangers de l’individualisation, un argument qu’elles avaient mis en avant pour demander l’annulation de la mesure par le Conseil d’État. Pour elles, avec le départ massif des emprunteurs de la génération 30-44 ans, l’augmentation des cotisations pour couvrir les profils les plus risqués devient nécessaire. Remettre en cause le principe de la mutualisation risque donc de priver certaines personnes d’une assurance emprunteur adaptée, et par conséquent, de les exclure du marché du crédit. Il reste que beaucoup de Français, bien qu’au courant de la possibilité de changement d’assurance chaque année à l’échéance anniversaire du contrat, ignorent la marche à suivre. L’accompagnement d’un courtier est conseillé pour effectuer les formalités dans le respect des exigences de forme et de délais.