De nombreux pays appartenant à l’Union Européenne sont de plus en plus intéressés par le phénomène du Brexit. Aux Pays-Bas, notamment, le Parlement envisage une éventuelle sortie de la zone euro suite à une commande d’un rapport prédisant le devenir de cette monnaie. Et en France, cette question est d’autant plus pertinente avec l’approche des échéances électorales. Jean-Pierre Gérard, membre du conseil de la politique monétaire, et Philippe Crevel, économiste font le tour de la question sur les conséquences d’une sortie de la zone euro pour les membres de l’Union, mais surtout pour la France, notamment par rapport à ses dettes. En effet, cette question a été pendant longtemps, un sujet de discussion des partisans de cette monnaie. Ces eurolâtres, comme les spécialistes économiques les qualifient, soutiennent la théorie du remboursement de dettes en monnaie dévaluée afin d’essayer de discréditer les personnes qui tentent d’inciter les autres à sortir de l’euro. Une conversion de la dette française est à prévoir Actuellement, la dette française est encore comptabilisée en sous l’unité monétaire euro. Mais en considérant que la France sorte de l’Union Européenne, cette dette se verra convertir en monnaie nationale. Dans ce cas, avec l’hypothèse où l’opération n’aura pas été accordée avec les anciens partenaires du pays, ces derniers pourraient considérer une situation de faillite de l’État. L’économiste, Philippe Crevel de préciser : Si tel était le cas, compte tenu de la dépréciation incontournable de la nouvelle monnaie nationale, la dette française perdrait entre 20 et 40 % de sa valeur pour les créanciers non français (57 % de la dette seraient concernées). Philippe Crevel Mais les conséquences se dessineront plus sous forme de sanction, qui se fera immédiatement sentir au niveau du pays : Les pouvoirs publics et l’ensemble des agents économiques français ne pourraient plus se financer à l’international. Il faudrait recourir à la planche à billets avec, à la clef, une dépréciation continue de la monnaie, et donc un accès difficile aux devises. L’autre solution serait d’augmenter les impôts. Dans tous les cas, assez rapidement, la France devra faire appel au FMI pour finir ses fins de mois. Philippe Crevel En francs ou en euros ? Si la France abandonne l’euro, elle devra rembourser ses dettes en euro franc, dont la valeur sera égale à celle de l’euro avant la sortie. Mais au fil du temps, l’euro franc subira des variations économiques, lui faisant perdre ou acquérir de la valeur. La dépréciation de ladite monnaie est ainsi à prévoir, qui ne sera pas plus conséquente que lors des précédentes dépréciations du franc français. Si le gouvernement opte pour un remboursement avec l’euro, qui est l’actuelle monnaie en vigueur, une appréciation de cette dette de 20 à 40% aura une telle pression sur les finances publiques, que l'État serait contraint de demander une restructuration de ses dettes. Ainsi, que le rachat du crédit se fasse en euros ou en francs, les conséquences sur les taux d’intérêt seront suffisamment lourdes pour bloquer les investissements et provoquer un krach immobilier. Mais les dégâts ne s’arrêteront pas à ces deux phénomènes, d’autres conséquences plus lourdes se produiront à l’échelle internationale. Le système financier serait également mis en tension d’autant plus que la sortie de la France entraînera, par ricochet, une crise en Italie ainsi qu’en Espagne et au Portugal.