La campagne présidentielle mouvementée a été l’occasion pour la banque Natixis de s’interroger sur la réalité de la dégradation de la situation économique et sociale en France au cours des dernières décennies. Trois grands indicateurs ont été étudiés : le niveau de vie, les inégalités et le chômage. Amélioration du niveau de vie en 30 ans Selon le rapport de l’Insee intitulé « Trente ans de vie économique et sociale », le revenu disponible brut des ménages a augmenté chaque année de 4,8 % depuis 1980, tandis que leur pouvoir d’achat global a augmenté de 1,7 % par an. Et cela, malgré l’interruption due à la crise. Paradoxalement, le baromètre d’opinion de la DREES révèle que près d’un Français constate une détérioration de sa situation globale par rapport à celle de ses parents. 10 ans plus tôt, ce pourcentage n’était que de 33 %. Ce qui explique entre autres l’afflux de demandes de rachats de crédit pour alléger ses mensualités et rééquilibrer le budget familial, voire éviter le surendettement. Par ailleurs, 75 % des Français se positionnent dans la classe moyenne inférieure ou en dessous, mais pour un tiers de la population, cela s’explique par la sous-estimation de son niveau de vie relatif. Augmentation modérée des inégalités Un tiers des Français redoute de basculer dans la pauvreté dans les cinq ans. Pour l’heure, les principales victimes sont les familles monoparentales ou nombreuses, et les ménages dont la personne de référence est sans-emploi ou jeune. Depuis le début des années 1980, le taux est stable, avec une remontée modérée ces dernières années après la baisse à un niveau plancher au milieu des années 2000. La répartition de la richesse est moins déséquilibrée que dans d’autres pays développés. En France, 1 % de ménages les plus fortunés prennent 8 % de la croissance des revenus (contre 27 % aux États-Unis par exemple). Et malgré une hausse des inégalités à partir du milieu des années 2000, l’Hexagone reste un pays relativement égalitaire, ce qui n’empêche pas un nombre croissant de Français de déplorer un accroissement des inégalités de revenu, d’après France Stratégie. La perception des Français s’explique sans doute par les fortes disparités en matière de patrimoine entre le maintien du niveau de vie pour les 25 % les plus nantis et le recul pour les 75 % plus modestes. Les 5 % les plus hauts ont même poursuivi leur hausse jusqu’en 2011. Situation à nuancer pour le chômage Sur 20 ans, le taux de chômage a reculé, mais il reste à un niveau élevé, autour de 10 %. En outre, la durée des nouveaux contrats de travail se raccourcit et ces contrats courts se multiplient. Le pourcentage de conversion des CDD en CDI est passé de 48 % à 20 % entre 1982 et 2013. Les femmes sont particulièrement concernées, car malgré un accès amélioré à l’emploi, elles sont plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel, notamment avec la maternité. Les jeunes sont également victimes, la crise économique ayant fortement contribué à aggraver leur chômage et l’exclusion des jeunes. Mais il existe d’autres facteurs d’inégalités et d’exclusion peut-être moins visibles : la propriété ou la location de sa résidence principale, l’éducation, l’accès à la culture et à l’exercice de la citoyenneté…