Une récente enquête d’Ipsos Sopra Steria révèle que 81 % des Français ont observé une baisse de leur pouvoir d’achat ces dernières années, voire « beaucoup baissé » pour 45 % des sondés. Le sentiment est partagé par toutes les tranches d’âge (88 % pour les seniors), catégories de revenus, et bords politiques confondus. L’étude prouve que loin d’être une idée fausse d’une population pessimiste, mais la conséquence de la crise de 2008. Stagnation du PIB, baisse du niveau de vie et pauvreté accentuée Depuis la crise, le niveau de vie des Français a diminué, en particulier pour les plus modestes (-9 %). Pour les deux déciles supérieurs, la baisse est moindre et essentiellement due au relèvement des impôts au début du quinquennat. Mais pour la majorité, la situation est due à l’absence de croissance. Après une progression annuelle de 1.7 % en moyenne depuis 1982, le PIB a stagné à partir de 2008. Conséquence, l’écart entre le PIB actuel par habitant et le niveau « théorique » s’élevait à 15 % en 2016. Cela signifie que le maintien de l’évolution observée entre 1982 et 2007 aurait permis à chaque Français d’être aujourd’hui de 15 % plus riche. Outre le PIB, les analystes se sont penchés sur le revenu disponible brut des Français depuis l’apparition de l’euro en 1999. Après une croissance de plus en plus rapide (32 % à 45 %), il a été divisé par 3 sur 8 ans pour tomber à son niveau actuel. La pauvreté s’est évidemment aggravée sous l’effet de la stagnation du PIB par habitant et de niveaux de vie en chute. Ainsi, bien que le revenu médian augmente de moins en moins vite, le nombre de pauvres à 50 % de cet indicateur dépasser la barre des 5 millions de personnes (+18 %). L’explosion des opérations de rachat de crédits traduit ces difficultés, les ménages y recourant massivement pour rééquilibrer leur budget, ou éviter le surendettement. La politique monétaire de la zone euro, cause du déclin de l’activité ? Selon le professeur d’économie David Beckworth, auteur du rapport « Les origines monétaires de la crise de la zone euro » en 2016, les difficultés économiques consécutives à la crise ne seraient pas dues à l’accumulation de dettes publiques et privées ajoutées aux mesures d’austérité. Pour lui, ce déclin de l’activité économique serait plutôt attribuable à la politique monétaire de la BCE. Les resserrements successifs de 2008 et 2010-2011 ont en effet entraîné des récessions, ainsi qu’une crise de la dette souveraine, imposant l’austérité. Un changement de régime de politique monétaire dans la zone euro s’avère donc indispensable. À l’approche de l’élection présidentielle française, aussi bien les candidats désireux de quitter la zone euro que ceux qui privilégient le statu quo devraient tenir compte d’autres approches pour renouer rapidement et durablement avec la croissance.