Deutsche Bank investit dans le paiement en plusieurs fois en se targuant d’un jaugeage en temps réel des risques. En Allemagne, ce mode de financement séduit de plus en plus. Les jeunes de 25 ans ou moins l’utilisant augmentent ainsi constamment dans le pays, en échappant à la vigilance des autorités. En Allemagne, le recours au paiement en plusieurs fois, renommé « Buy Now, Pay Later » ( BNPL ), préoccupe les autorités. Elles s’inquiètent surtout des risques de surendettement qu’il pourrait présenter chez les 25 ans ou moins. À noter que presque la moitié des jeunes Allemands ont déjà fait appel à cette solution de financement. L’agence allemande d’estimation du prêt (Schufa) a insisté là-dessus cet été dans son « moniteur financier pour la jeunesse ». Les établissements bancaires traditionnels continuent de se lancer dans le BNPL nonobstant ces risques. En juillet 2022, Deutsche Bank a déclaré qu’elle déploiera cette année un programme expérimental avec Credi2. Certains jeunes utilisent le paiement fractionné malgré leur insolvabilité Le responsable Merchant Solutions du géant bancaire de Francfort-sur-le-Main, Kilian Thalhammer, a déclaré qu’avec la fintech autrichienne, ils comptent : […] Créer une alternative aux offres BNPL existantes. Kilian Thalhammer Les deux entreprises veulent, d’après lui, laisser les commerçants contrôler l’intégralité des paiements avec leurs nouveaux consommateurs. Ceci grâce à une méthode sous marque blanche. Deutsche Bank accorde au passage une grande importance à la sécurité de ses propres offres de jaugeage de solvabilité. La banque assure qu’elle mesure en temps réel le risque de fraude et de défaut de paiement et intègre : […] Les créances résultant de chaque contrat de vente dans son propre portefeuille de titres. Le BNPL, qui ressemble au crédit à la consommation malgré ses différences, attire de nombreux Allemands. Ils apprécient : La possibilité de commander des habits en diverses tailles qu’ils retournent chez le commerçant ; La simplicité du système assimilé aux plateformes d’achats. Un problème doit en revanche être souligné. D’après le rapport de la Shufa, 3 % des jeunes oublient quasiment toujours de régler leur facture. Chez un sur dix d’entre eux, l’oubli se produit souvent, révèle l’étude. Plus inquiétant encore, la présidente du directoire de l’agence d’évaluation du crédit, Tanja Birkholz, a averti que : […] Près de 40 % des jeunes disent utiliser le BNPL pour des achats qu'ils ne peuvent en réalité pas se permettre. Tanja Birkholz Le BNPL crée une accumulation de dettes de faible montant Cette experte a remarqué que le paiement fractionné engendre un dérèglement structurel dans les opérations de prêt. Cette solution de financement occasionne, selon elle, une accumulation de dettes inférieures à 200 euros. Ce qui constitue un risque grandissant dans le contexte économique d’aujourd’hui. Pour renforcer l’encadrement du BNPL, l’Union européenne se penche depuis 2021 sur une nouvelle directive. En attendant, le régulateur allemand des marchés financiers incite à la réflexion avant de s’orienter vers une proposition : Facile et trop tentante. Les plaintes relatives au paiement en trois ou quatre fois ont d’ailleurs augmenté de 98 % entre 2019-2020. Cette information provient du groupement des associations allemandes de défense des consommateurs, la VZBV. D’après, Heiko Fürst, de cette fédération, cette solution de paiement a déjà existé auparavant. Cependant, l’accentuation des achats sur Internet avec la crise sanitaire a amplifié leur visibilité, a-t-il expliqué. Outre-Rhin, l’endettement des jeunes s’étant servi du paiement fractionné est très à la mode. Au point que sur le réseau social TikTok, les internautes ont inventé un mot-clé pour l’évoquer : #Klarnaschulden. Ce qui signifie les dettes Klarna, en référence à l’entreprise suédoise qui propose ce type d’offre.