Les professionnels de l’isolation tirent la sonnette d’alarme concernant l’avenir de leur métier. Ils craignent de se retrouver dans l’impasse avec les séries de coupes appliquées sur les aides à l’isolation. La filière s’interroge sur la réelle position des pouvoirs publics dans la rénovation énergétique des bâtiments, qu’elle estime paradoxale. Un frein à la transition énergétique des bâtiments Éradiquer les passoires thermiques d’ici 2028 figure parmi les principaux objectifs de la loi énergie-climat. Pour y parvenir, ce texte prévoit de rénover les 4,8 millions d’habitations à faible performance énergétique du pays, c’est-à-dire les logements classés F ou G du DPE. Ce qui revient à améliorer l’isolation thermique d’environ 500 000 habitations par an. Les communications du gouvernement vont d’ailleurs parfaitement dans ce sens. Important Toutefois, au-delà des messages bien ficelés, les actions des pouvoirs publics semblent contradictoires pour ne citer que les restrictions sur MaPrimeRénov, l’arrêt précoce des primes « Coup de Pouce Isolation » prévu fin juin ou encore la suppression des prêts travaux dans le cadre d’Action Logement. S’y ajoute également le manque de contrôle massif pour garantir le respect des réglementations en vigueur. Tout cela amène à s’interroger sur la réelle volonté de l’administration à promouvoir la rénovation énergétique des bâtiments. En effet, tous ces freins ralentissent la transition énergétique du secteur. Des objectifs difficiles à atteindre Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la France tarde à optimiser la consommation énergétique de son parc immobilier. Selon les statistiques, seules 6 % des habitations individuelles répondent aujourd’hui aux critères de performance énergétique de catégorie A ou B du DPE. Pour atteindre les objectifs ambitieux de la loi énergie-climat, le pays ne peut pas faire l’impasse sur la rénovation énergétique de ces 94 % de maisons individuelles. Le fait est que peu de Français ont conscience des avantages d’une isolation performante. La valorisation de la maison, l’économie sur la consommation d’énergie, la qualité de l’air… ces arguments ne suffisent pas à convaincre les propriétaires de rénover. Il a fallu attendre les aides de l’État pour que tous passent à l’action. « Rogner sur ces dispositifs équivaut à freiner net les avancements de la filière », estiment les professionnels de l’isolation. Les aides à l’isolation continueront pourtant de fondre de 2022 à 2025, selon les propositions formulées par la Direction générale de l’Énergie et du Climat. Le « Coup de pouce Isolation » - l’aide qui a permis de financer massivement des travaux d’isolation - prendra même fin dès ce 30 juin 2021.