Une étude a révélé qu'environ 10 % des jeunes âgés de 11 à 21 ans en France sont sujets à des souffrances psychologiques, à de l'anxiété ou à la solitude. Suite à ce constat préoccupant, un décret paru au Journal Officiel le 07 Mai 2017 autorise les expérimentations dans plusieurs départements afin d'améliorer la prise en charge de leurs consultations psychologiques. Des adolescents de plus en plus en détresse psychologique Selon une étude de l'UNICEF datant de 2015, les jeunes souffrent de plus en plus. 1 adolescent sur 10 traverserait un épisode dépressif avant d'atteindre ses 25 ans. Au collège notamment, seulement 30 % des élèves se sentent à l'aise avec leurs camarades et leur environnement. Ces chiffres tendent à augmenter ces dernières années. En cause, ils évoquent, la peur d'un échec scolaire ou social, les harcèlements sur les réseaux sociaux ou encore plus spécifiquement la pression d'être une fille. Dans une société où internet et les réseaux sont devenus une vitrine omniprésente dans le quotidien des plus jeunes, le mal-être juvénile s'en trouve accru. Le remboursement intégral des 12 premières séances chez le psychologue pour les adolescents Une consultation psychologique fait partie des soins les plus onéreux en France : en moyenne la séance d'une heure coûte 50 à 60 euros. De plus, point important : les séances de psychiatrie, de thérapie ou de psychologie ne sont pas systématiquement remboursées par la CPAM ou les mutuelles. Concernant les mutuelles santé, elles ne proposent qu'un remboursement partiel basé soit sur un % du prix de la consultation, soit sur un forfait annuel (exemple : 150 euros/ an en soin psychologique). Les modalités de prise en charge varient d'un contrat à l'autre mais aussi de la " nécessité " de la thérapie. Certaines mutuelles ne rembourseraient que les consultations faisant l'objet d'une prescription spéciale par le médecin traitant ou les consultations auprès d'un psychologue clinicien. Pour faciliter l'accès des plus jeunes aux soins psychologiques, l'article 68 de la loi de financement de la Sécurité Sociale du 23 décembre 2016 prévoit l'expérimentation du remboursement des consultations chez un psychologue libéral pour les jeunes de 6 à 21 ans. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'un plan pour le bien-être et la santé des jeunes, dit "Pass' Santé Jeune" mis en place par le gouvernement en novembre dernier. Cette loi, à l'initiative de l'ancien président de la République, François Hollande, est le corollaire d'un rapport réalisé par la pédopsychiatre Rose Marie-Moro ayant pour but de 'concrétiser un droit universel d'accès à la santé des jeunes'. Prévue initialement pour les 6-21 ans, l'expérimentation ne concernera finalement que les 11-21 ans, selon le décret de la semaine dernière. Un jeune en situation de détresse psychologique pourra bénéficier désormais d'une série de 12 consultations remboursées totalement par l'Assurance Maladie (10 consultations et 2 séances de bilan). Le jeune et ses parents sont alors orientés par leur médecin traitant, leur pédiatre et le médecin scolaire vers un psychologue libéral. Notons, là encore, que l'initiative d'avoir recours à un psychologue doit venir d'un professionnel de santé en contact avec le jeune et non directement des parents ou de l'adolescent. Le consentement éclairé et exprès de l'adolescent concerné Même étant mineures, les personnes concernées doivent donner leur approbation, et le titulaire de l'autorité parentale également, pour pouvoir y participer. En effet, ces séances psychologiques ne peuvent être imposées aux élèves par les médecins, notamment les médecins scolaires qui n'ont pas le droit de les y forcer. Enfin, les jeunes étant sujets à des troubles psychiatriques importants ou à des tendances suicidaires seront automatiquement exclus du dispositif de l'expérimentation, pour être orientés directement vers des instituts spécialisés. Ceux-ci devront justement être désengorgés par cette expérimentation, et pourront alors offrir davantage de disponibilité aux troubles plus sérieux. En effet, les centres médico-psychologiques publics prévoient actuellement un délai d'attente de 3 mois à 1 an pour une consultation. Le décret précise également que l'adolescent aura le droit de demander à changer de psychologue s'il le souhaite. Une expérimentation géographiquement limitée Pour l'instant, le décret et un arrêté publié le même jour prévoient la mise en place de cette expérimentation dans certains départements et communes uniquement, avant de s'étendre éventuellement à toute la France.Pour le moment, les départements et villes concernés sont : deux communes des Yvelines : Trappes et les Mureaux, l'Ile-de-France, la Loire-Atlantique, quatre communes du Val-d'Oise : Garges-lès-Gonesse, Goussainville, Sarcelles et Villiers-le-Bel, la Loire-Atlantique, la Meuse, les Vosges et les Ardennes, le Maine-et-Loire, le Haut-Rhin. Comment va-t-on trouver son psychologue ? Les psychologues libéraux concernés par la mesure doivent justement adhérer à la charte de l'expérimentation et avoir un numéro ADELI, afin d'être inscrits sur une liste. Cette expérience durera 4 ans pour commencer. Ce dispositif très attendu fut bien accueilli par les professionnels de santé, qui sont très concernés et s'inquiètent de l'augmentation alarmante de jeunes dits isolés et atteints de dépression.