Alors que la législation en matière d’assurance emprunteur a connu trois évolutions depuis 2010 dans le but de renforcer les droits des consommateurs et libéraliser la concurrence, les banques détiennent toujours 85 % du marché. Le repli continu des taux d’intérêt, qui fait de l’assurance le nouveau levier pour réduire le coût du crédit immobilier, pourrait changer la donne. Domination des banques sur le marché de l’assurance emprunteur En 2010, la loi Lagarde autorise les souscripteurs d’un emprunt immobilier à choisir un contrat autre que celui proposé par leur banque pour couvrir les risques de décès, d’invalidité, d’arrêt de travail et de perte d’emploi. Depuis, les lois Hamon et Bourquin sont entrées en vigueur, permettant la résiliation et le remplacement en cours de prêt de cette protection indispensable. Mais après 9 ans d’application de la délégation d’assurance de prêt immobilier, force est de constater que la part des contrats individuels stagne autour de 15 %, selon les professionnels du secteur. Un phénomène pourrait toutefois accélérer le changement : la baisse des taux des crédits, qui ont battu en mai dernier les records de faiblesse établis en novembre 2016. L’Observatoire Crédit Logement CSA annonce une moyenne hors assurances de 1,25 %, toutes durées confondues. Cela signifie que le montant de la prime est désormais pratiquement égal, voire supérieur à celui des intérêts pour ceux qui sont couverts par un contrat collectif. Possible accélération du changement avec les taux d’intérêt historiquement faibles Les milliers d’euros d’économies réalisables avec une assurance de prêt immobilier individuelle devraient inciter les indécis à faire l’effort d’entreprendre les formalités de changement. Important Les pouvoirs publics s’efforcent d’ailleurs de lever le maximum d’obstacles : ainsi, depuis le 1er juillet, les banques doivent se référer exclusivement à la date anniversaire de la signature du contrat de crédit pour le décompte du délai de préavis de deux mois. La clarification de cette règle met fin au flou qui entourait cette date de référence et dont certains établissements se servaient pour retarder ou garder leurs clients désireux de passer à la concurrence. Progressivement, les assureurs indépendants bousculent donc les banques, d’autant qu’avec la dynamique du marché immobilier, les chiffres de l’indispensable assurance font l’objet de toutes les convoitises. Et le principal argument des deux côtés est tarifaire. Pour maintenir leurs parts de ce marché juteux, les établissements prêteurs ont dû s’aligner sur les prix bas des autres acteurs, quitte à rogner leurs marges. Il reste que tant que les taux resteront aussi bas, les banques ne vont certainement pas lâcher aisément leur principale source de rentabilité. Les emprunteurs qui souhaitent exercer leur droit à une couverture externe ne sont pas au bout de leurs peines.