Les quatre dernières années ont été marquées par une augmentation continue du coût des arrêts maladie. D’après le dernier rapport de la Caisse nationale d’assurance-maladie, le montant des indemnités journalières a gagné 4,6 % supplémentaires en un an, atteignant 10,4 milliards d’euros en juin. La poursuite de l’activité des seniors explique cette envolée. Explosion du coût des arrêts maladie Malgré un ralentissement en juin avec une progression de seulement 0,8 %, le coût des arrêts de travail, congés maternité et arrêts maladie se maintient sur une tendance haussière depuis quatre ans. Ces derniers connaissent la croissance la plus marquée ; selon le rapport Charges et produits de l’Assurance-maladie, leur montant est passé de 6,3 milliards d’euros en 2013 à 7,1 milliards en 2016, soit +13,4 %. Leur fréquence n’a pas connu de changement majeur, mais leur durée s’est allongée, tirant la dépense vers le haut. Ainsi, 44 % des indemnisations versées en 2016 concernaient les arrêts de plus de 6 mois, qui ne représentaient pourtant que 6 % des prescriptions. Le report de l’âge de la retraite à 62 ans mis en cause L’Assurance maladie évoque l’éventualité d’un lien entre la forte augmentation des dépenses d’indemnités journalières et la réforme des retraites. Avec le recul de l’âge légal de départ à 62 ans décidé en 2017, le taux d’activité des 55-64 ans a grimpé à 54,1 % au dernier trimestre 2016 contre 41,7 % au cours des trois premiers mois de 2010. Or, les seniors sont plus susceptibles de contracter des maladies chroniques après une vie active bien remplie. Leur part sur le total des montants indemnisés en 2016 est ainsi passée de 4,6 % à 7,7 % sur la période. Les arrêts les plus longs leur sont par ailleurs attribués. La durée de l’arrêt maladie chez les plus de 60 ans s’élève en moyenne à 76 jours, quand elle n’est que de 33 jours pour l’ensemble des salariés. En outre, leurs salaires plus élevés que ceux des autres travailleurs, les indemnisations sont majorées en conséquence. Un état de santé dégradé, notamment à cause du travail Le constat des médecins au quotidien confirme les enseignements tirés des différentes études. Jacques Battistoni, président de MG France, premier syndicat chez les médecins généralistes, explique que le nombre d’arrêts maladie est plus important à mesure que la retraite approche. Car avec une pathologie de longue durée, si aucun reclassement n’est possible, l’arrêt maladie est reconduit. Jacques Battistoni Cet expert souligne que les seniors sont également les premières victimes d’une souffrance au travail en hausse. La difficulté à trouver un sens à leur mission et à s’adapter aux nouvelles technologies et pratiques favorise l’anxiété et la dépression, qui sont synonymes d’arrêts de longue durée. 35 % des 200 000 personnes interrogées par la CFDT dans le cadre d’une enquête sur le travail ont noté une dégradation de leur état de santé due à leur activité professionnelle. C’est également à cause du risque plus élevé lié à leur état de santé que les seniors paient plus cher pour leur assurance emprunteur, les banques et assureurs estimant que la probabilité qu’ils ne parviennent pas au bout de leur contrat pour cause de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail est supérieure.