Depuis le début de la crise sanitaire, dans la continuité des dernières années, la Banque centrale européenne (BCE) a injecté des centaines de milliards d’euros sur les marchés. Par ailleurs, les différents États ont mis en place des dispositifs de soutien pour les banques. Malgré ces efforts, ces dernières ont fermé le robinet du crédit et devraient maintenir cette politique jusqu’en fin d’année au moins. Resserrement des conditions d’octroi de prêts aux entreprises Les conséquences économiques du premier confinement et les craintes entourant celles d’une deuxième vague de l’épidémie poussent les banques de la zone euro à la prudence. Selon l’enquête trimestrielle sur la distribution de crédit bancaire de la BCE, Les conditions d’octroi de prêts des acteurs bancaires européens se durcissent. La BCE révèle qu’au troisième trimestre, Sur les 143 établissements interrogés, 19 % ont décidé des restrictions, notamment concernant la clientèle des entreprises. En comparaison, trois mois plus tôt, seulement 1 % des sondés déclaraient avoir pris de telles dispositions. ImportantL’objectif de cet ajustement stratégique est de limiter l’impact d’une envolée des défauts de paiement, D’autant que la BCE reconnaît que « de nombreux secteurs restent vulnérables » alors que l’incertitude demeure quant à l’évolution de la pandémie et le maintien des mesures d’accompagnement fiscal. La France, l’Allemagne et l’Espagne font partie des pays ayant resserré les conditions d’octroi de financement aux entreprises, en dépit de coûts de refinancement et de contraintes de bilan positives. Pour autant, l’institution note que Ces limitations sont moindres par rapport à leur niveau sur la période allant de fin 2007 au premier trimestre 2009 (52 %), et au dernier trimestre 2011 (30 %). Création d’une « bad bank » pour absorber la dette La BCE observe également une Baisse des demandes de prêts et de tirage de lignes de crédit des entreprises entre juillet et septembre, Mouvement qu’elle explique par la diminution des besoins urgents de liquidités par rapport au trimestre précédent, au plus fort de la crise. Les ménages européens ne sont pas épargnés. La Banque centrale fait état d’un durcissement des critères d’octroi pour les prêts personnels et autres crédits à la consommation, ainsi que les crédits à l’habitat. Pourtant, la sortie du confinement s’est traduite par une forte hausse de la demande. La BCE se prépare en conséquence à un scénario catastrophe. ImportantLe président de son conseil de surveillance, Andrea Enria, a renouvelé son appel à la création d’une « bad bank » dont les actifs bénéficieraient de la « garantie d’un organisme européen ». Le rôle de cette structure consisterait à reprendre les créances en souffrance inscrites au bilan des banques de la zone, et dont le montant pourrait grimper à 1 400 milliards d’euros, contre 500 milliards avant la pandémie. L’idée se heurte pour l’instant aux réticences des banques et gouvernements, mais pourrait être prise en considération face à la menace de l’arrivée d’une vague d’impayés.