En Australie, le Consumer Data Right est entré en vigueur le 1er juillet dernier. Le CDR autorise les clients à partager leurs données bancaires avec des tiers de confiance, dont les concurrents de leur établissement actuel et les fintechs. Toutefois, pour l’heure, seules deux d’entre elles ont obtenu l’accréditation nécessaire pour accéder aux informations détenues par les « Big Four ». Deux fintechs autorisées à accéder aux données bancaires des clients des « Big Four » La Commission australienne de la concurrence et des consommateurs (ACCC) fournit la plateforme CDR qui sous-tend les questions de sécurité et de confidentialité. Celle-ci permet aux consommateurs de définir lesquelles de leurs données personnelles détenues par Westpac, ANZ, NAB et CBA elles souhaitent partager, avec qui, comment, et pour quel motif. L’ACCC, qui contrôle les fournisseurs de technologies financières, délivre ensuite une accréditation pour accéder à ces informations. Seules Frollo et Regional Bank Australia en bénéficient pour l’instant. Le premier propose un service complémentaire à l’offre des quatre leaders du marché. Il s’agit d’un outil gratuit de gestion de ses finances personnelles et de budgétisation. Il centralise l’ensemble des données financières des utilisateurs (comptes courants et d’épargne, cartes de crédit, prêts hypothécaires, placements…) afin d’en simplifier le suivi. Une fonction de comparaison sera bientôt intégrée afin de permettre aux clients de trouver des alternatives plus attractives aux produits de leur banque actuelle. Regional Australia Bank, pour sa part, est en concurrence directe avec les « Big Four » avec une première transaction réussie. Pour sa demande de prêt personnel en ligne, au lieu de remplir un questionnaire, le client a partagé presque instantanément et en toute sécurité plus de 3000 transactions réalisées avec divers prestataires avec le prêteur. La technologie fournie par la fintech Basiq, qui classe les dépenses en plusieurs grandes catégories (loisirs, transport, etc.) offre à la banque une vue claire et exhaustive de la situation financière du souscripteur, ce qui simplifie sa prise de décision. Un démarrage lent et prudent, mais du potentiel pour les fintechs Si ces deux exemples apportent des innovations favorables aux consommateurs, les organismes financiers restent prudents. Certains dirigeants de fintechs soulignent que Des changements réglementaires sont nécessaires pour que [ces dernières] soient vraiment sur un pied d’égalité avec les grands groupes locaux et les enseignes étrangères. La propriété des données, en particulier pour les clients professionnels, est une question majeure. En effet, ces entreprises génèrent elles-mêmes ces informations, que la banque se contente d’agréger et de stocker. Yanir Yakutiel, le créateur de la plateforme de prêt alternatif Lumi, réclame Une politique autorisant les entreprises propriétaires des données à les partager quand et comme elles le souhaitent. Yanir Yakutiel Pour lui, c’est La seule véritable méthode pour s’assurer que les plus grands établissements ne tirent pas parti des avantages liés aux données pour tuer les plus petites avant que ceux-ci aient une chance de décoller. Yanir Yakutiel Il ajoute qu’ Une quarantaine d’acteurs actuellement en attente d’accréditation seraient en mesure de résoudre ce problème. Yanir Yakutiel En dehors du secteur financier, des prestataires comme les sociétés de services publics ou encore les opérateurs de télécommunications pourraient accéder à ces fameuses données. Important D’ici la fin de l’année, le CDR sera étendu aux clients des banques de moindre envergure. Enfin, l’Australie a récemment signé un accord de coopération en matière de technologies financières avec le Royaume-Uni, et il n’est pas exclu que le marché australien attire certaines fintechs britanniques.