Les sanctions prises par les Occidentaux à l’encontre de la Russie depuis 2014 pèsent sur l’économie nationale et sur le pouvoir d’achat des ménages. Pour tous leurs besoins de liquidités, qu’il s’agisse de faire face à des difficultés ou concrétiser un projet, les ménages, notamment de la classe moyenne, recourent au crédit conso. 50 % de détenteurs de crédit à la consommation pour un total de 125 milliards d’euros Pour partir en vacances, acheter un équipement pour la maison, un smartphone, etc., les Russes souscrivent un crédit à la consommation. Certains privilégient les emprunts via leur carte de crédit, d’autres préfèrent les prêts en espèces. Si ces derniers ont l’avantage de la simplicité et de la rapidité, ils sont assortis de taux exorbitants, qui peuvent atteindre 49 % par an. La conséquence est que même en s’acquittant de leurs échéances dans les temps, les consommateurs restent en permanence en situation de débiteur. Car bon nombre d’entre eux contractent un nouveau crédit avant d’avoir soldé le ou les précédents, ce qui entraîne une accumulation. Important Cette dépendance, dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat due aux sanctions occidentales imposées au pays, explique la popularité croissante du produit. En août, l’institut public Vtsiom a publié les résultats d’une enquête concernant la situation des Russes vis-à-vis du crédit conso. Il apparaît que « Plus d’un ménage sur deux a un emprunt en cours, ce qui signifie que ce pourcentage a doublé en dix ans ». Multiplication des offres de microcrédit au sérieux souvent discutable Le phénomène accélère la multiplication des offres de microcrédit, dont le sérieux et la fiabilité ne sont pas toujours garantis. En effet, des établissements se créent un peu partout, proposant aux particuliers un financement facile et sans condition dans un délai très court. La contrepartie est le niveau extrêmement élevé des taux, en dépit d’un encadrement sévère par la Banque centrale. Important Les encours des prêts non garantis ont ainsi augmenté de 17,6 % entre le 1er janvier et le 1er octobre, atteignant 8 700 milliards de roubles (l’équivalent de 125 milliards d’euros). Après s’être alarmé de la situation cet été, évoquant une possible « explosion en 2021 », le ministère de l’Économie fait profil bas. En effet, selon certains analystes, le crédit à la consommation est devenu un pilier de l’économie russe et de la croissance du PIB, limitée à 1,3 % cette année selon les prévisions. Des risques sérieux pour les mauvais payeurs Il reste qu’« un débiteur sur 4 aurait du mal à honorer ses dettes », d’après l’Association nationale des agences de recouvrement (Napca). Ces quelque 10 millions de personnes redoutent leur inscription au registre des personnes interdites de sortie du territoire, une sanction lourde, mais moins effrayantes que les méthodes agressives de certaines sociétés de recouvrement qui fleurissent au même titre que les établissements prêteurs. Les emprunteurs ayant des impayés et ses proches se disent visés par des intimidations, des actes de vandalisme, etc. sans que la police intervienne au prétexte de l’absence de dommage corporel. Des propos qui contredisent ceux d’un professionnel du secteur, qui parle d’améliorations depuis l’adoption d’une loi en 2016. Leur activité serait régie par un texte qui fixe la fréquence maximale des appels, SMS et courriers de relance, interdit les appels de nuit et autorise le dépôt de plainte en cas d’abus avec enregistrement des entretiens à l’appui.