Après s'être attaquée aux complémentaires santé dans la difficile réforme de la généralisation du tiers payant, la ministre de la Santé est revenue hier sur un autre sujet délicat en demandant aux complémentaires de mettre en place le reste à charge zéro tout en maintenant leurs tarifs actuels. L'optique, le dentaire et l'auditif dans le collimateur Lors de la première réunion avec les principaux responsables des complémentaires santé, la ministre a évoqué son souhait de mettre en place une offre de soins " standard " permettant aux patients de n'avoir aucun reste à charge. Il s'agit d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron : la prise en charge totale des soins optiques, dentaires et auditifs par les mutuelles et complémentaires santé d'ici à 2022. Les négociations entre le gouvernement et les organismes concernés sont donc lancées pour les quatre prochains mois et elles s'annoncent pour le moins houleuses. L'objectif premier de cette concertation est d'assurer aux patients une meilleure prise en charge de leurs soins dans ces trois secteurs coûteux mais mal couverts par la Sécurité sociale et pour lesquels les complémentaires assurent déjà le remboursement à 90%. Agnès Buzyn propose donc la mise en place d'un " panier de soins standard de prestations nécessaires et de qualité ". Sur ce point, la ministre avait déjà précisé, il y a quelques mois, qu'il ne s'agissait pas d'offrir des " soins esthétiques gratuits " à tous mais d'assurer l'accès aux soins majeurs. Supprimer le reste à charge, oui mais qui va payer ? Pour les responsables des complémentaires santé, la question reste celle du financement de cette partie des soins qui ne sera plus à la charge des patients. Surtout que la ministre de la Santé leur a officiellement demandé au cours de la première journée de concertation de ne pas répercuter ce nouveau coût sur le montant des cotisations des particuliers. Donc qui va payer ? Pour l'optique, le dentaire et l'auditif, le reste à charge représente 4,4 milliards d'euros par an. Un budget conséquent que les complémentaires santé n'entendent pas assumer seules. Il est prévu que la participation de l'Assurance Maladie dans le remboursement de ces soins augmente mais cela ne suffira pas selon les experts. Rappelons que le reste à charge représente environ 22% en optique, 65% pour des prothèses auditives et 23% en soins dentaires pour les patients. C'est donc une refonte profonde et totale du système qui devra être envisagée. Les négociations devront durer quatre mois pour une annonce officielle du gouvernement prévue " pour début juin au plus tard ".