Le paiement en plusieurs fois séduit de plus en plus les Français. Et pour cause : ce type de paiement en 3 ou 4 fois est proposé sur quasiment toutes les offres d’achat. Face à la montée des prix, certains ménages vulnérables le voient comme une solution de financement intéressante. Néanmoins, il pourrait accroître leurs difficultés financières. Décryptage. S’acheter le tout nouveau smartphone, une télévision dernier cri... Certains ménages en rêvent, mais ne peuvent se le permettre... À moins d’avoir recours au paiement fractionné. Facilement accessible et souvent sans frais, le paiement à échéances a déjà conquis un Français sur 3(1). 22% d’entre eux envisagent même de recommencer dans l'année à venir(2). Des consommateurs fragiles confrontés à des incidents de paiement Avec l’essor du e-commerce et le contexte d’envolée des prix, ce produit a le vent en poupe et évite de recourir au crédit conso. Au risque d’accroître les difficultés des ménages aux petits revenus. Une réalité mise en évidence par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Elle pointe un “risque d'endettement mal maîtrisé, voire excessif pour les personnes les plus fragiles financièrement”. En effet, obtenir un paiement fractionné est très facile “Lorsqu'il est de petit montant et remboursable en 90 jours maximum, il échappe, en effet, aux contraintes qui encadrent la distribution du crédit à la consommation”, rappelle le site d’actualités MoneyVox. Dans ce cadre-là, vérifier la solvabilité de l’emprunteur n’est pas une obligation pour le prêteur. Selon une récente étude In Banque/Next Content, en partenariat avec Sopra Banking Software, les ménages les plus modestes (moins de 1 500 euros de revenus nets par mois pour le foyer) sont les plus friands de paiement fractionné. En effet, 22% d'entre eux l'utilisent « souvent » pour leurs achats en ligne, contre 13% pour l'ensemble des Français. Le problème, c’est que si le paiement fractionné “permet aux ménages les plus vulnérables d'accéder à un crédit à un coût raisonnable”, “il les encourage aussi à surconsommer, alors même qu'ils devraient plutôt faire un point budgétaire”, explique Jean-Louis Kiehl, président du réseau associatif Crésus. D’après les données de l’ACPR relatés par MoneyVox, 11% des paiements fractionnés accordés en 2020 ont engendré un ou plusieurs incidents de paiement. Vers un meilleur encadrement du paiement en plusieurs fois Ces incidents peuvent accroître les difficultés des personnes concernées. En effet, le coût des pénalités en cas de retard de paiement est souvent considérable. Une nouvelle directive européenne à venir sur le crédit à la consommation prévoit donc de mieux encadrer le paiement en plusieurs fois. Cependant, elle n'entrera pas en vigueur avant deux ans au moins. D’ici-là, certains acteurs ont déjà entrepris des solutions. Django, lancé en mars dernier par La Banque Postale Consumer Finance, en est l’exemple : “Pour éviter l'effet d'accumulation, nous limitons leur nombre à 1 ou 2 par marchand et par tranche de 35 jours. Nous refusons également de financer des achats alimentaires”, détaille notamment sa directrice générale, Jocelyne Amegan-Douaud, à MoneyVox. Ces dernières années, le paiement à échéances a connu un essor considérable avec la crise sanitaire et les différents confinements. Les chiffres de l’ACPR parlent pour eux : +40% de paiements fractionnés au premier trimestre 2021 par rapport à la même période en 2020. Avec l’inflation, on peut imaginer que ce type de paiement a encore de beaux jours devant lui. (1) Etude Younited réalisée en juillet 2021, avec MixFactory, institut d'étude indépendant, dans 5 pays (France, Allemagne, Espagne, Portugal, Italie) à partir d'une enquête en ligne menée sur un échantillon de 2 500 personnes.(2) 11e Baromètre du pouvoir d'achat Cofidis, réalisé en collaboration avec CSA Research, juillet 2022.