À l’image du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) en France, la Bank Al-Maghrib (BAM) au Maroc va également émettre des recommandations concernant les conditions d’octroi de crédit dans le Royaume, ceci pour ralentir l’endettement galopant des ménages marocains. Les nouvelles règles devraient entrer en vigueur l’année prochaine et exclure du marché des crédits une proportion importante de la population. Un durcissement nécessaire La Bank Al-Maghrib a constaté dernièrement une détérioration de la situation financière des ménages. Auparavant, l’accroissement de l’endettement était couvert par un taux de défaillance moindre, mais en 2019, celui-ci est passé à 6,8 %, soit une aggravation de 30 points de base en l’espace d’une année. En parallèle, les encours de crédits liés à l’habitat se sont élevés à 226 milliards de DH. ImportantCette augmentation du nombre d’emprunteurs qui se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur crédit a amené la BAM à mettre en place de nouvelles règlementations. Le but est de durcir les conditions d’octroi afin de ne plus exposer les ménages les plus fragiles à la menace du surendettement. Pour le moment, les détails de ces recommandations ne sont pas connus, la BAM devant encore s’entretenir longuement avec les établissements bancaires et autres organismes de crédit pour en dessiner les contours. À noter que les nouvelles règles ne concerneront pas que le crédit immobilier, le crédit consommation sera également soumis aux mêmes conditions. La BAM est déjà en train de réunir tous les outils nécessaires en vue de l’élaboration de ces nouvelles règlementations. La collecte de diverses données relatives aux activités des banques du pays permettra, entre autres, de fixer certaines limites à quelques ratios. Le premier d’entre eux pourrait bien être le LTV (Loan To Value), l’indicateur qui détermine la part financée par l’organisme de crédit dans la transaction immobilière. Dernièrement, dans le but d’attirer de nouveaux clients, les banques n’hésitaient pas à financer les transactions avec un LTV supérieur à 100 %. Autrement dit, l’organisme de crédit accorde un prêt dont le montant est supérieur au prix d’achat du bien immobilier, de manière à prendre en charge les frais annexes. Cette pratique devrait se raréfier une fois que la BAM aura établi des limites. Des profils désavantagés La décision de la BAM ne fera pas l’unanimité auprès des emprunteurs. Les mécontents seront nombreux parmi ceux qui se retrouvent exclus du marché du crédit (les profils à risque). Important Mais la Banque Centrale ne fera pas marche arrière, persuadée qu’il en va des intérêts à la fois des ménages, des organismes de financement et, à fortiori, du pays tout entier.