Après deux ans d’interruption pour cause de Covid, le rendez-vous annuel des assureurs et des réassureurs s’est tenu cette année à Monaco. Cette 64e rencontre des acteurs de l’assurance n’a pas manqué de surprendre, en raison de leur changement d’attitude vis-à-vis de la couverture contre les catastrophes naturelles. Les prochaines années s’annoncent compliquées pour les propriétaires de maison. Le Giec le martèle depuis 2006 : sous l’effet du réchauffement climatique, les catastrophes naturelles majeures se multiplieront et s’intensifieront au cours des prochaines années. Les prédictions du groupe d’expert international se sont réalisées plus vite que prévu. En France comme dans le reste du monde, la sinistralité des catastrophes climatiques a fortement augmenté, avec une facture estimée à 89 milliards de dollars en 2020. La situation s’envenime chaque année, au point de pousser certains assureurs à ne plus couvrir les dégâts causés par les périls « secondaires ». Les compagnies qui restent n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs tarifs. Une hausse tarifaire significative pour les zones à risque Les préoccupations exprimées par les assureurs et les réassureurs ne sont pas nouvelles. En France, l’exécutif a déjà intégré la réalité de la dégradation du climat et décidé d’instaurer un régime spécial destiné aux catastrophes naturelles. Cette formule prévoit une protection raisonnable contre les dommages sur la structure d’une maison causés par un évènement climatique secondaire, comme une sécheresse ou des inondations. Elle s’inscrit dans un système d’assurance habitation financée par l’État et mise en œuvre par les assureurs. Face au succès du dispositif et à la multiplication des sinistres liés au climat, certains plaident pour son renforcement, en relevant la taxe « Catnat » prélevée sur les contrats d’assurance. Cette exception française a fait des émules dans d’autres pays. Cependant, ces régimes spécifiques sont toujours insuffisants pour couvrir l’ensemble des dégâts occasionnés par les catastrophes climatiques. En Australie, plus de 500 000 maisons risquent de devenir inassurables à partir de 2030, à cause de leur grande vulnérabilité aux aléas climatiques. Les assureurs défendent la même logique en Europe, où le nombre d’habitations construites en zone inondable ou sujette à des glissements de terrain ou des incendies augmente chaque année. À défaut de pouvoir se retirer du marché, les compagnies d’assurance optent pour une révision des primes, un choix en totale opposition à la volonté de l’exécutif français. Des pertes économiques plus lourdes à cause du climatique Sans doute informé des intentions des assureurs, le ministre de l’Économie leur a demandé de modérer l’augmentation des tarifs sur les contrats habitation et auto en 2023. On ne peut pas nier la pertinence de cette requête, à un moment où les Français subissent une inflation record et se préparent à affronter une crise énergétique majeure. Néanmoins, la réalité économique penche plutôt en faveur des assureurs. Selon un analyste financier, l’augmentation de l’indice des prix à la consommation et l’accroissement des demandes de couverture entraîneront une hausse de 10 à 20 % des tarifs de réassurance. Cette révision compensera en partie les pertes économiques encaissées par les assureurs – et leurs assureurs – à cause du taux de sinistralité élevé des catastrophes naturelles. En 2022, le coût des intempéries pour les sociétés d’assurance françaises devrait s’élever entre 6 et 8 milliards d’euros. À l’échelle mondiale, les assureurs et réassureurs ont déjà essuyé 72 milliards de dollars de pertes – rien qu’au premier semestre.