Au Québec comme partout ailleurs, les associations de propriétaires et de locataires sont rarement d'accord sur des questions relatives à l’habitation. Les deux parties viennent pourtant de réclamer un programme gouvernemental pour aider au paiement des loyers pendant la crise actuelle. L’épidémie de Covid-19 a en effet affecté la santé financière de la majorité des habitants de la province. Les professionnels de l’assurance habitation location bénéficient d’une réserve de clients importante au Québec. En effet, 38,7 % de la population vivent dans un logement loué. La multiplication des loyers impayés risque donc d’avoir un impact significatif sur l’économie locale. Les conséquences peuvent être encore plus graves, si le phénomène persiste. En 2016, le taux de propriété dans la province se chiffrait à 61,3 % selon les données fournies par Statistique Canada. Ce niveau est nettement inférieur à la moyenne nationale qui est de 67 %. Pourtant, le gouvernement n’a toujours pas pris de mesures pour aider au paiement des loyers comme en Colombie-Britannique (taux de propriété à 68 %). Un exemple à suivre ? En cette période de crise, la Colombie-Britannique a mis en place le BC Temporary Rental Supplement Program pour soutenir les propriétaires et les locataires. Ce dispositif propose une subvention exceptionnelle allant jusqu’à 500 dollars par mois pour aider les ménages à payer leurs loyers durant la pandémie de Covid-19. Ce montant est directement versé aux bailleurs des personnes éligibles. L’aide financière reste disponible jusqu’en juin prochain et concerne les loyers mensuels des locataires depuis avril 2020. Elle permettra ainsi de couvrir en partie les sommes dues aux propriétaires des ménages dotés de ressources faibles ou modérées qui ont perdu leurs revenus à cause de l’épidémie de coronavirus. À travers ce programme, les pouvoirs publics offrent 300 dollars par mois aux ménages sans enfant et 500 dollars par mois aux foyers avec personnes à charge. Les conditions d’éligibilité reposent essentiellement sur le revenu des locataires. Pour bénéficier de l’aide, le plafond salarial est fixé à 74 150 dollars par an pour les couples et 113 010 dollars annuels pour les familles avec enfants. Le loyer doit par ailleurs représenter au minimum 30 % du revenu habituel du ménage au moment de la demande. Des actions très attendues Cette année, 14 % des locataires québécois ne se sont pas acquittés de la totalité de leur loyer du mois d’avril, comme l’indique un sondage de la CORPIQ (Corporation des propriétaires immobiliers du Québec). Par ailleurs, 1 propriétaire sur 8 n’a pas pu recevoir 40 % de ses loyers, voire plus. L’APQ (Association des propriétaires du Québec) a également constaté le même phénomène. La situation dans la province se révèle donc particulièrement inquiétante. Si le gouvernement fédéral a pris des mesures de soutien (chèques), les analystes sont toutefois un peu perplexes par rapport aux résultats de cette initiative. Le gouvernement a récemment suspendu les mesures pour permettre aux propriétaires de récupérer les loyers. Jusque-là, cette décision est restée sans suite. De plus, le ministère responsable de l’habitation reste étonnamment discret par rapport à ce sujet. Pourtant, les propriétaires attendent avec impatience le soutien de l’exécutif en cette période de crise. Le président de l’APQ, Martin Messier, a indiqué devant la presse : Les discussions avec le cabinet de la ministre Laforest nous indiquent que le gouvernement n’entend pas pour le moment aller dans cette voie. Martin Messier