Auto-entrepreneur : la mutuelle est-elle obligatoire ?

Écrit par Laura P. . Mis à jour le 13 mars 2025 .
Temps de lecture : 6 min

Comme tous les Français, les auto-entrepreneurs ont besoin de souscrire une mutuelle santé pour compléter les remboursements de l’Assurance maladie. Toutefois, ils n’ont aucune obligation d’être couverts par une complémentaire santé. Découvrez vers quels contrats vous orienter afin de réduire votre reste à charge dans le cadre de vos dépenses de santé.

Qu’est-ce qu’un auto-entrepreneur  ?

L’auto-entrepreneur est un travailleur exerçant une activité indépendante. Elle peut être à titre exclusif ou compléter ses revenus salariés. Selon l’Urssaf, fin juin 2023, la France comptait 2,715 millions d’auto-entrepreneurs actifs.

Le régime offre certains avantages : les formalités sont simplifiées, tout se réalise en ligne. Lorsque vous ne déclarez pas de chiffre d’affaires, vous ne payez pas de charges sociales.

En contrepartie, le chiffre d’affaires est plafonné. Il est impossible de déduire des charges à l’image de la mutuelle santé.

La mutuelle est-elle obligatoire pour les auto-entrepreneurs ?

Les auto-entrepreneurs ayant un statut indépendant ne sont pas concernés par la mutuelle collective obligatoire imposée par l’ANI de 2013.

Seuls les auto-entrepreneurs ayant en parallèle une activité salariée peuvent en bénéficier. Dans le privé, depuis le 1er janvier 2016, les employeurs sont tenus de proposer une complémentaire santé. Ils doivent prendre en charge au moins 50 % de la cotisation. Lorsque votre auto-entreprise est une seconde activité, vous pouvez être contraint de souscrire la mutuelle collective de votre employeur.

Pourquoi souscrire une mutuelle en tant qu’auto-entrepreneur ?

L’Assurance maladie rembourse un pourcentage du tarif de convention appelée base de remboursement de la Sécurité sociale (BRSS). Sa prise en charge est partielle. Il demeure à votre charge le ticket modérateur, différence entre le tarif de convention et le remboursement effectif de l’Assurance maladie. En tant qu’indépendant, vous devrez assumer seul ce reste à charge.

De son côté, la mutuelle prend en charge ce ticket modérateur. En souscrivant un contrat protecteur, vous pouvez espérer un remboursement des frais médicaux jamais remboursés par la Sécurité sociale.

Quelle mutuelle choisir pour un auto-entrepreneur ?

Il n’existe pas de mutuelle spécifique pour les auto-entrepreneurs. Au même titre que tous les autres travailleurs non salariés (TNS), les demandeurs d’emploi, les retraités, les fonctionnaires, vous êtes libre de sélectionner votre assureur comme votre formule.

Certes, les salariés bénéficient d’une prise en charge partielle de leur cotisation et d’un tarif avantageux grâce à la négociation des offres par leur employeur. Toutefois, le contrat proposé est identique pour tous. Trop ou pas assez couvert, les remboursements de leur mutuelle obligatoire ne sont pas toujours adaptés à leurs dépenses réelles.

En tant qu’auto-entrepreneur, vous avez l’opportunité de comparer les offres pour choisir une mutuelle adaptée à votre profil.

Prenez en compte les critères suivants :

• Le taux de prise en charge (idéalement supérieur à 100 % du tarif de convention pour un remboursement des dépassements d’honoraires).
• Le forfait pour l’optique, la dentisterie et l’audition.
• Le forfait « médecines douces ».
• La prise en charge des médicaments.
• Les avantages à l’image du forfait naissance si vous envisagez d’avoir des enfants.

Quelles garanties souscrire pour une mutuelle santé d’auto-entrepreneur ?

Le choix de vos garanties est consécutif à vos dépenses de santé. Tous les auto-entrepreneurs n’ont pas besoin de la même couverture santé. Jeune, en pleine santé, senior avec des frais de santé lourds et fréquents, adaptez votre contrat.

Identifiez les postes de soin pour lesquels vous nécessitez de meilleurs remboursements.

• Consultations : une bonne mutuelle santé est essentielle lorsque vous consultez des spécialistes conventionnés de secteur 2. Ils pratiquent des dépassements d’honoraires non remboursés par l’Assurance maladie. Préférez un contrat avec un taux de remboursement minimal de 150 % de la BRSS.
• Optique : si vous portez des lunettes, vous avez besoin d’un forfait élevé au regard de la faible prise en charge de la Sécurité sociale.
• Dentisterie : les soins dentaires sont correctement remboursés. Ce n’est pas le cas des prothèses. Les couronnes, par exemple, sont mal prises en charge par le régime obligatoire. Quant aux implants, ils ne sont pas remboursés. Lorsque vous êtes concerné par ce type de dépense, un forfait dentaire optimal s’impose.
• Hospitalisation : les frais d’hospitalisation sont bien pris en charge par la Sécurité sociale et la mutuelle santé. En revanche, les dépassements d’honoraires comme les frais de confort à l’image de la chambre particulière peuvent être remboursés uniquement par une bonne complémentaire santé.
• Médecines douces : lorsque vous êtes adepte des médecines alternatives, vous avez besoin d’un contrat de complémentaire santé solide. Elles ne sont pas reconnues par l’Assurance maladie, seule la mutuelle santé intervient.

Pour vos lunettes et autres prothèses dentaires, il est possible de bénéficier du 100 % Santé. Lorsque cette offre répond à vos besoins, vous pouvez choisir un contrat avec un forfait optique et dentaire moins important tout en profitant d’une prise en charge intégrale des lunettes et des prothèses éligibles.

Comment déduire les frais de mutuelle en tant qu’auto-entrepreneur ?

Le contrat de mutuelle en loi Madelin a été mis en place pour inciter les TNS à souscrire une complémentaire santé. Le principe de la mutuelle pour indépendant est simple : vous souscrivez un contrat éligible auprès de l’assureur de votre choix. Les cotisations sont déduites de votre bénéfice imposable. Vous réduisez l’imposition de votre entreprise tout en tirant parti d’un remboursement complémentaire pour vos frais médicaux.

Le dispositif Madelin : est-il applicable en auto-entreprise ?

Les auto-entrepreneurs ne sont pas éligibles aux avantages de la mutuelle en loi Madelin. Contrairement aux entrepreneurs individuels ou aux gérants de SARL, ils ne peuvent déduire aucune charge de leur bénéfice. Les cotisations de leur couverture santé complémentaire ne sont jamais déduites.

Comment payer moins cher sa mutuelle pour auto-entrepreneur ?

Même si vous ne pouvez pas bénéficier des avantages de la loi Madelin pour votre mutuelle santé, rassurez-vous, il existe des solutions afin de payer moins cher.

• Souscrire des garanties adaptées à votre besoin : si vous êtes en bonne santé, avec des dépenses faibles et peu fréquentes, inutile d'opter pour des garanties renforcées. Elles vous coûteront plus cher sans vous être opportunes.
• Choisir un contrat responsable : il vous permet d’accéder au 100 % Santé. Ce dispositif offre une prise en charge totale de vos dépenses dentaires, optiques, auditives lorsque vous sélectionnez des équipements éligibles.
• Comparer les offres : en faisant des simulations, vous découvrirez une variété de formules et de tarifs. À garanties équivalentes, les prix varient. Grâce à notre comparateur de mutuelles santé en ligne, vous vous assurez de souscrire le meilleur contrat au meilleur prix.
• Choisir une mutuelle appartenant à un réseau de soins : lorsque vous consultez des professionnels appartenant à ce réseau, notamment des opticiens ou chirurgiens-dentistes, vous bénéficiez de tarifs avantageux. De cette manière, vous réduisez votre reste à charge pour mieux préserver votre budget.

Que se passe-t-il en cas de non-souscription d’une mutuelle ?

Sans mutuelle santé, votre reste à charge pourrait être particulièrement élevé.

Voici quelques exemples pour bien comprendre.

Pour la consultation d’un médecin généraliste de secteur 1, le reste à charge est de 9 €. C’est une dépense qu’il est possible d’assumer. En revanche, lorsque vous consultez un spécialiste facturant des dépassements d’honoraires, des dizaines d’euros seront à votre charge.

Lorsque vous devez vous faire hospitaliser, sans mutuelle santé, les frais suivants sont à votre charge :

• 20 % des frais hospitaliers.
• Le forfait hospitalier journalier de 20 €.
• La chambre individuelle à raison de plusieurs dizaines d’euros par nuit.
• Le ticket modérateur pour le chirurgien et l’anesthésie.
• Les dépassements d’honoraires éventuels des chirurgiens et anesthésistes (cela peut atteindre plusieurs centaines d’euros selon les praticiens).
• Les médecines douces ne sont jamais remboursées par la Sécurité sociale. Le coût d’une séance est variable, en moyenne entre 60 et 80 € selon le professionnel ou les régions.

Entrepreneurs aux revenus faibles : comment souscrire une mutuelle santé ?

L’auto-entrepreneur a parfois des revenus trop faibles pour s’offrir une bonne couverture santé. Selon les chiffres de l’Urssaf en 2023, 56 % des auto-entrepreneurs non salariés déclaraient un chiffre d’affaires inférieur à 1 000 € par mois. Même en réalisant un comparatif, souscrire une mutuelle peut être difficile.

Rassurez-vous, il existe des aides à l’image de la complémentaire santé solidaire (CSS). Selon votre situation personnelle, elle peut devenir un soutien financier indispensable pour améliorer votre protection sociale :

• Prise en charge du ticket modérateur.
• Les professionnels de santé n’ont pas le droit de pratiquer des dépassements d’honoraires.
• Le forfait journalier hospitalier est remboursé.
• Vous bénéficiez du tiers payant.
• Vous ne payez pas la franchise médicale de 2 €.
• Vous tirez avantage du 100 % Santé.

La CSS est gratuite pour les revenus les plus faibles. Retrouvez ci-dessous les plafonds de ressources annuels de 2025 pour y être éligible.

Nombre de personnes au foyer	Plafond annuel de ressources
1 personne	10 166 €
2 personnes	15 249 €
3 personnes	18 298 €
4 personnes	21 348 €
Par personne en +	4 066 €

Les foyers au revenu plus modestes peuvent aussi en bénéficier, moyennant une cotisation adaptée à leurs ressources.

Nombre de personnes au sein du foyer	Plafond annuel de ressources
1 personne	13 724 €
2 personnes	20 586 €
3 personnes	24 703 €
4 personnes	28 820 €
Par personne en +	5 490 €

Données valables pour l’année 2025