Voté le 23 juin 2016, le Brexit va devenir réalité avec l’adoption par les députés du projet de loi autorisant son déclenchement. Une fois que la chambre des Lords aura donné son accord final, les négociations avec Bruxelles pourront démarrer. En attendant, l’économie du Royaume-Uni continue à bien se porter, démentant les pronostics alarmistes précédant le scrutin. La tendance risque toutefois de s’inverser en 2018. Hausse de plusieurs indicateurs économiques-clés… Le « oui » n’a pas freiné la consommation des Britanniques, surtout au dernier trimestre. En 2016, la croissance a ainsi atteint 2 %, et elle devrait réaliser la même performance en 2017. Elle prend ainsi la tête du classement des pays du G7, devançant même l’Allemagne, qui affiche +1,9 %. Mais surtout, elle dépasse ainsi les prévisions faites au lendemain du référendum qui estimaient la croissance à 1,4 % seulement après une révision à la baisse par les autorités. Un autre indicateur est dans le vert : le taux de chômage, à 4,8 %, loin des 10 % enregistrés dans la zone euro. Fin 2016, le nombre de chômeurs avait reculé de 100 000 personnes sur un an, et tombe à un niveau jamais observé depuis l’été 2005. Cette croissance inattendue a également permis au Royaume-Uni d’engranger des recettes fiscales supérieures aux estimations. Ainsi, le déficit public, à 2,6 % du PIB, est passé pour la première fois depuis plus de dix ans sous la limite des 3 % imposée par le Pacte de stabilité. … mais la hausse de l’inflation et la baisse des investissements inquiètent Le déficit commercial s’est accentué en 2016 à cause de l’augmentation du coût des importations due à la dépréciation de la livre sterling. La situation s’est toutefois légèrement améliorée en janvier 2017, avec une réduction à 10,833 milliards de livres sterling (l’équivalent de 12,42 milliards d’euros) contre 10,915 milliards le mois précédent, et alors que les experts de Reuters attendaient un solde négatif de 11,05 milliards de livres. Ce résultat est dû à la progression du volume d’exportations à fin janvier ; à + 8,7 % sur 3 mois, c’est son plus haut niveau sur la décennie. En revanche, en janvier, la production manufacturière et la production industrielle se sont repliées de 0,9 % et 0,4 % respectivement. Cependant, sur un an, elles sont en hausse de 2,7 % et 3,2 %. La hausse de l’inflation (+1,6 %, un record depuis 2014) et la chute des investissements des entreprises (-1,5 %) sont les principaux dangers pour l’économie britannique durant la phase de négociations avec Bruxelles, estimée à 2 ans. Pour l’heure, les ménages continuent à souscrire des prêts à la consommation, mais l’inflation pourrait rapidement grimper à 3 %, nettement au-dessus des 2 % fixés par la Banque d’Angleterre. Prudence dans les prévisions 2018-2019 Dans un contexte d’incertitude quant au déroulement des négociations, de hausse de l’inflation et de baisse des investissements, le gouvernement britannique opte pour la prudence. Pour 2018 et 2019, la croissance est évaluée à 1,6 % et 1,7 %. Londres maintiendra par ailleurs sa politique d’austérité budgétaire afin de réagir plus rapidement en cas d’effet retardé du Brexit sur l’économie. Les économistes se montrent toutefois optimistes, estimant ce scénario peu probable. Ils rappellent les prévisions catastrophistes de 1992 lors de la sortie du pays du Système monétaire européen, qui ne se sont pas confirmées.