Les courtiers et assureurs exhortent les propriétaires en cours de remboursement de leur prêt immobilier à déléguer leur assurance emprunteur, une démarche censée leur faire réaliser d’importantes économies. Mais un gouffre sépare la théorie de la réalité du marché. Les emprunteurs ne profitent pas d’un cadre légal favorable Les réformes en matière d’assurance emprunteur se succèdent afin de libéraliser la concurrence sur le marché et permettre aux consommateurs de faire baisser le coût de leur crédit. Ainsi, la loi Lagarde leur donne le droit d’opter pour un contrat individualisé autre que celui de la banque. Quant à la loi Hamon, elle les autorise depuis juillet 2014 à résilier leur assurance emprunteur initiale et à la remplacer au cours de la première année du crédit. Mais le changement attendu tarde à se faire sentir. Chez les courtiers, une minorité d’emprunteurs a sollicité le changement de contrat en cours de prêt ou en a signé un auprès d’un assureur « tiers » ; au mieux, chez quelques professionnels, elle atteint 30 %, un chiffre à peine supérieur à celui déjà enregistré avant la mise en application de la loi Hamon. Pourquoi la loi Hamon tarde-t-elle à faire effet ? L’impact sur le marché tarde à se faire sentir, en premier lieu à cause des banques, qui ne jouent pas le jeu. Au contraire, elles encouragent les clients à signer chez elles pour gagner du temps, quitte à changer plus tard, sachant pertinemment que la lourdeur des démarches liées à l’emprunt, l’acquisition, les éventuels travaux va les dissuader de se lancer dans de nouvelles formalités. Certains courtiers aussi déconseillent la délégation d’assurance, le risque pour les emprunteurs étant que la banque fasse « traîner le dossier ». Un argument de poids, en cette période où l’afflux des demandes allonge notablement les délais de traitement. D’autres établissements n’hésitent pas à laisser entendre que le choix de la délégation risque d’influer sur le taux d’intérêt, voire conduire au refus du prêt. Les candidats à la propriété, pressés de conclure leur achat par peur de la remontée actuelle des taux, sont donc nombreux à renoncer. À défaut d’encourager la délégation, quelques banques ont fait l’effort de réviser le coût de leur assurance emprunteur, ce qui représente un premier pas vers la libéralisation du secteur.