Malgré les réformes règlementaires destinées à ouvrir davantage le secteur de l’assurance emprunteur à la concurrence, et malgré la multiplication des offres alternatives, le changement est moindre : les banques dominent toujours. 15 % seulement d’assurances emprunteur déléguées Depuis 2010, la loi Lagarde donne aux emprunteurs le droit de choisir librement leur protection, indissociable de tout crédit immobilier. En 2014, la loi Hamon la complétait en autorisant le changement d’assureur au cours des 12 mois suivant la souscription du prêt. Plus d’un an après, le bilan n’est guère encourageant : à peine 15 % des propriétaires ont eu recours à une assurance emprunteur déléguée. Elle est même en dessous des 20 % observés en 2005 alors que les propositions sont plus nombreuses, complètes et alléchantes. Les freins à l’essor de la délégation d’assurance Les associations de défense des consommateurs évoquent pour expliquer cette situation la résistance des établissements bancaires, dont les contrats d’assurance de groupe rapportent chaque année 3 milliards d’euros. Les réseaux de distribution aussi restent frileux, redoutant d’être mal vus par les banques partenaires qui les rémunèrent pour les contrats de crédits signés. Certains se limitent à quelques assureurs alternatifs mieux acceptés par les banques, tandis que pour d’autres, la priorité va à d’autres produits, même moins rémunérateurs comme l’assurance auto ou habitat. Or, sans leur aide pour effectuer les formalités de résiliation et de changement, très complexe pour les particuliers, ces derniers hésitent à se lancer, malgré les économies potentielles. Reprise prochaine avec la remontée des taux ? La chute des taux aussi a desservi la délégation d’assurance emprunteur, les consommateurs s’étant concentrés sur les rachats et renégociations de crédits pour réduire le coût total de leur crédit, faisant exploser les chiffres pour ces deux types d’opérations au cours des derniers mois. Maintenant que la part relative de l’assurance atteint des sommets dans leur dette immobilière, et que les taux commencent à augmenter, les emprunteurs devraient être plus nombreux à se pencher sur cet élément. L’UFC-Que Choisir, qui a récemment saisi l’ACPR, attend par ailleurs de cette autorité qu’elle contraigne les banques à mettre en place la nouvelle fiche standardisée d’information pour communiquer les garanties qu’elles exigent afin de faciliter la comparaison d’offres d’assurance emprunteur, disposition officiellement entrée en vigueur le 1er octobre dernier.