La libéralisation du secteur de l’assurance emprunteur devrait profiter aux assureurs qui occupent actuellement une part de marché très restreinte. Les banques, pour leur part, sont déjà passées à l’offensive. Assurance emprunteur : vers un marché plus équilibré La loi sur la consommation, dite Hamon, a redistribué les cartes sur le marché de l’assurance emprunteur. Sur un marché dormant où l’on ne se posait même pas la question des frais de gestion, tout se complique : il va falloir faire mieux, plus vite et moins cher. Franck Couaillier, Senior Manager au sein du cabinet SILTEA. Exigée par les prêteurs depuis les années 1970, l'assurance emprunteur est généralement incluse dans le contrat de prêt, et est considérée comme la chasse gardée des banques, qui représentent actuellement près de 85 % du marché. Les conventions Belorgey puis AERAS ont ouvert la voie à l’assurance individuelle. Au départ, les acteurs, tels qu’April, MetLife, BNP Paribas, Cardif ou encore Generali, se contentaient de couvrir les risques hors normes qui étaient moins rentables pour les contrats de groupe (métiers à risque, gros capitaux, risques de santé aggravés…). Mais depuis l’entrée en vigueur de la loi Lagarde en 2010, ils ont adopté une nouvelle stratégie, en ciblant désormais des profils plus standards, comme les jeunes. La riposte des banques ne s’est pas fait attendre, avec le développement des contrats ciblés (moins de 36 ans, non-fumeurs), dont les primes sont mieux ajustées aux besoins des assurés. L’assurance individuelle gagne du terrain Pourtant, la donne a changé. Les bancassureurs prennent aujourd’hui très au sérieux la menace que représente la délégation. Joël Farré de MetLife. Ce dernier estime que l’assurance individuelle pourrait grappiller entre 20 % et 30 % de part de marché d’ici les prochaines années. Les nouveaux entrants se bousculent et la demande est au beau fixe. De nouveaux acteurs observent une demande largement supérieure à leur business plan. Vincent Meslin, associé chez SILTEA. Et de citer l’exemple d’un acteur qui a enregistré 500 demandes au cours du premier mois, alors qu’il tablait sur une centaine. Chez Meilleurtaux, nous constatons une tendance nouvelle sur le Web avec chaque mois 10 000 demandes de devis d’assurance emprunteur, seule ou avec un crédit. Un chiffre qui est cependant encore très en deçà des 40 000 à 50 000 simulations en crédit immobilier par mois. De leur côté, les banques ont déjà mené une contre-offensive : À travers une segmentation plus fine des contrats visant à ajuster leur tarif. Les contrats de groupe disposent d’une certaine marge. « On estime qu’ils sont tarifés en moyenne pour un assuré de 45 ans, alors que l’âge moyen des emprunteurs est plutôt de 37 ans », explique le patron de MetLife. La délégation ne devrait donc avoir aucun impact sur les prix, sauf pour les petits contrats de groupe. Via des actions marketing. Par exemple, BNP Paribas propose une réduction de 20 % pour les clients qui souscrivent une assurance de groupe de la banque.