Une dizaine d’années après un cancer, les anciens malades témoignent de leurs difficultés à contracter des emprunts ou des assurances. Le projet de loi santé veut remédier à ces inégalités. Crédit bancaire : 3 millions de Français marginalisés à cause de leur état de santé Guillaume souffrait d’un cancer des testicules à l’âge de 19 ans. En l’absence de récidives depuis cinq ans, il est considéré comme guéri, du moins, d’un point de vue médical. Plusieurs années après sa rémission, ce trentenaire se trouve toujours exclu du crédit bancaire. « Quand je lui ai annoncé que j’avais eu un cancer, ma banquière a vite fait de ranger les paperasses habituelles pour un prêt avant de sortir un énorme classeur. J’ai fini par faire une croix sur mon projet vu la surprime qui me semble totalement exagérée », s’alarme-t-il. Comme Guillaume, ils sont 3 millions de Français à se retrouver dans la même situation. Vingt-sept ans après sa rémission, Stéphanie, victime d’un cancer du sein, continue d’être handicapée pour souscrire un prêt immobilier : « Je ne suis pas prise en charge à 100 %, pas comme mon mari. Si je meurs même à la suite d’une banale opération, l’assurance n’entrera tout simplement pas en jeu ». En effet, elle a dû patienter plus de quinze ans pour pouvoir obtenir une assurance, même partielle, après avoir essuyé de nombreux refus. Depuis 2007, la convention AERAS (S'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé) permet aux personnes gravement malades d’obtenir une assurance et un crédit dans les meilleures conditions possible. Une information qui semble méconnue de la grande majorité des personnes concernées, indique une enquête du Ciss. Le projet de loi santé veut en finir avec ces inégalités Le projet de loi santé, débattu à l’hémicycle depuis fin mars, prévoit d’instituer un droit à l’oubli. Ce droit permet aux anciens malades de ne plus mentionner leurs antécédents médicaux au moment de contracter une assurance ou un emprunt. Cette prérogative concernera dans un premier temps les enfants malades de cancer, avant de s’appliquer à d’autres pathologies. Pour l’heure, les débats tournent autour du nombre d’années au-delà duquel il n’est plus obligatoire de déclarer sa maladie.