Insensible à la crise de 2008, l’immobilier britannique a réalisé près de 20 ans de croissance continue. Les prix tendent néanmoins à se stabiliser depuis quelques années. Ils auraient même baissé d’environ 4 % en un an à Londres, d’après l’analyse de Nationwide. Avec le taux de change favorable, les investisseurs européens ont actuellement l’opportunité de se lancer sur ce marché atypique. Selon les spécialistes, le marché immobilier londonien est un écosystème assez complexe. Ainsi, la tendance à la baisse affecte chaque quartier de manière plus ou moins prononcée, sans aucune raison apparente. Islington et Fulham, par exemple, affichent un recul pouvant aller jusqu’à 10 %, voire 15 %, contrairement à Chelsea ou Kensington. Par ailleurs, la baisse de prix sur le marché dépend aussi du bien considéré. Les maisons familiales étant moins recherchées que les appartements, leur valeur tend à reculer de manière significative. Enfin, cette baisse du cours de l’immobilier britannique est accentuée par l’affaiblissement de 20 % de la livre sterling en trois ans par rapport à l’euro. Un contexte favorable aux transactions immobilières D’après les chiffres officiels, la valeur moyenne d'une transaction immobilière dans les quartiers de l’Inner London (le centre-ville du Grand Londres) avoisinait les 561 000 de livres en mai dernier. Cette moyenne monte à 1,25 million de livres pour un appartement à Kensington ou Chelsea, et peut atteindre les 3,3 millions de livres pour une maison familiale. Plus la zone est éloignée du centre historique de la métropole, plus les prix baissent. Wembley, par exemple, est situé à 45 minutes de l’Inner London. Ainsi, dans le quartier, un pavillon familial de 240 m², avec 5 chambres, garage et jardin, situé près du lycée Winston Churchill, a récemment été vendu à 960 000 livres. Ce qui équivaut à environ 4 500 euros le mètre carré. En revanche, un appartement de 2 chambres sur 54 m², entièrement rénové, situé à Bloomsbury, dans le centre près d'Holborn et de la gare King's Cross, a été acheté à 650 000 livres, soit près de 13 500 euros par mètre carré. Outre les zones les plus connues, de nouveaux quartiers résidentiels comme Kennington commencent à s’affirmer au sud de la ville. Ainsi, de belles maisons victoriennes avec 4 chambres y sont proposées à des prix allant de 1,5 à 1,9 million de livres. D’ailleurs, tous les quartiers sis au sud de la Tamise bénéficient d’immenses chantiers comme celui initié par Apple en vue d’y établir son futur quartier général. Bientôt, la zone industrielle de Nine Elms se transformera en un grand quartier résidentiel. Selon Ségolène Chambon, conseillère en immobilier et directrice de l’agence French Touch Properties : Les grands chantiers de rénovation, comme autour de King's Cross, ou de transport, comme le CrossRail qui doit desservir le Grand Londres ou les futures lignes High Speed 1 et 2, sont de bons indicateurs des quartiers où il faut investir. Un marché immobilier particulier À l’instar de la souscription d’une assurance maison, l’achat de biens immobiliers diffère sensiblement en France et au Royaume-Uni. La logique du processus en lui-même peut échapper aux investisseurs étrangers, s’ils ne disposent pas d’un accompagnement efficace. De ce fait, les professionnels conseillent généralement de faire appel à un solicitor (avocat spécialisé dans le domaine) dès le début du projet. Au-delà de notions telles que la pleine propriété (freehold) ou la propriété des murs (leasehold), la plus grande difficulté sur le marché britannique vient surtout de la culture libérale entretenue dans le secteur. Ainsi, dans la pratique, toutes les parties bénéficient d’une grande latitude jusqu’à la signature de l’acte de vente. Un acheteur a, par exemple, le droit de surenchérir à tout moment sur une autre offre. Cette situation est d’ailleurs assez courante dans un contexte tendu. Ainsi, comme l’indique Arsene Colarossi, expert en immobilier de l'agence Breteuil Chelsea : L'idée est bien d'aller le plus vite possible dans la transaction et de bien rédiger, avec l'aide d'un avocat, le contrat de vente pour éviter toute mauvaise surprise de dernière minute. Néanmoins, selon l’expert : Le gouvernement avait déjà pris des mesures pour calmer le jeu, après des hausses de 10 % par an, notamment en augmentant fortement les droits d'enregistrement (stamp duty) sur les biens immobiliers haut de gamme ou sur les achats de résidence secondaire et ceux destinés à la location (buy to let). En dépit du recul lié au Brexit, les promoteurs immobiliers rassurent par rapport à l’apparition d’un éventuel krach. Il s’agit plutôt d’un réajustement des cours du marché selon les spécialistes. D’ailleurs, selon une note de la banque britannique Nationwide, datant de juin 2019 : Les prix de la capitale ne sont que de 5 % inférieurs au pic du premier trimestre 2017 et toujours de 50 % supérieurs à ceux de 2007.