L’assurance emprunteur, élément indispensable à la souscription d’un prêt immobilier, fait l’objet d’une attention croissante de la part des pouvoirs publics et des acteurs du marché. Pourtant, malgré des avancées législatives visant à faciliter la résiliation, les Français restent frileux à l’idée de changer de contrat. L’étude réalisée par L’Argus de l’assurance en partenariat avec April met en lumière les obstacles persistants à la délégation de la couverture du crédit, et pointe du doigt un manque criant d’information des emprunteurs. Une ouverture du marché en demi-teinte Si les lois Lagarde et Lemoine ont ouvert la voie à une plus grande concurrence sur le marché de l’assurance emprunteur, les chiffres de l’étude révèlent une progression modérée. En effet, seuls 7 % des souscripteurs d’un crédit ont résilié leur contrat en cours ces deux dernières années, et 12 % à peine envisagent de le faire. Malgré cette faible proportion, des signes encourageants se dessinent. L’intention d’adhérer à une assurance autre que celle proposée par la banque est en hausse, atteignant plus des deux tiers des répondants. En conséquence, les courtiers et les agents spécialisés sont de plus en plus sollicités pour accompagner les emprunteurs désireux de franchir le pas. Des freins persistants à la résiliation Le principal obstacle à la délégation d’assurance demeure le manque d’information des souscripteurs. Seuls 31 % d’entre eux déclarent avoir été notifiés par leur banque de leur droit de résilier leur assurance emprunteur à tout moment, alors qu’il s’agit d’une obligation légale. Cette méconnaissance est d’autant plus préoccupante qu’elle s’accentue avec le temps, les clients plus anciens étant les moins informés. Par ailleurs, 59 % des assurés réticents à changer de contrat estiment que Les économies potentielles ne seraient pas suffisantes. Cette perception, qu’elle soit justifiée ou non, illustre la nécessité d’une communication plus claire et transparente sur les avantages financiers de cette démarche. Vers une dynamique de changement Pour favoriser la résiliation et dynamiser le marché de l’assurance emprunteur, un effort soutenu en matière d’information, de pédagogie et de responsabilisation s’avère indispensable. Des initiatives de communication claires et accessibles, l’élaboration d’outils de comparaison simplifiés et une meilleure mise en avant des cas d’économies concrètes obtenues pourraient dissiper les réticences des emprunteurs et les encourager à explorer des solutions alternatives. Il est tout aussi primordial de responsabiliser les banques en veillant à ce qu’elles respectent strictement leur obligation d’informer et en simplifiant les procédures de résiliation. À retenir Bien que la loi Lemoine représente une avancée significative vers une plus grande liberté de choix pour les emprunteurs, son plein potentiel reste à réaliser. L’avenir de l’assurance emprunteur en France dépendra de la capacité des acteurs du marché à informer efficacement et à convaincre les consommateurs des avantages tangibles de la résiliation-substitution. Seule une approche intégrée et proactive permettra de lever les obstacles à la résiliation et de favoriser l’émergence d’un secteur plus transparent et concurrentiel.