Le système de notation du consommateur aux États-Unis ne sert plus seulement à évaluer la qualité d’un créditeur. Transposé dans plusieurs autres domaines, il permet aux entreprises de connaître et de garder un historique des comportements individuels. Zoom sur les avantages et inconvénients d’un dispositif de plus en plus répandu. Plusieurs secteurs utilisent l’indice de comportement Aux États-Unis, pour décider ou non d’accorder un emprunt ou vendre un service financier à un client, les établissements financiers se basent sur le Fico Score. Celui-ci conserve en mémoire l’historique de tous les emprunts souscrits par une personne et leurs remboursements respectifs. Prêt scolaire, prêt auto, crédit immobilier, cartes de crédit, prêts à la consommation… tout est consigné, y compris les éventuels incidents de paiement. Ce score détermine désormais l’octroi d’un nouveau prêt, et les conditions ; les créditeurs catalogués comme peu fiables se voient ainsi appliquer des taux exorbitants par rapport à la moyenne du marché. Le numérique a aidé ce système à s’étendre à divers domaines. Uber permet aux chauffeurs de noter les passagers, qui risquent en dessous de 4 sur 5 de ne plus trouver de véhicules disposés à les prendre. De même, il est utilisé pour les locations d’Airbnb, pour les restaurants et bars de Yelp ou pour les réservations dans les restaurants du français OpenTable. Juste retour des choses puisque les clients ont le droit de noter et de critiquer les prestataires. Des avantages certains, mais aussi des risques de dérive Dans le domaine financier et les sites d’achat/vente entre particuliers, par exemple, ces indications comportementales apportent un « plus » indéniable en aidant à éviter les escrocs. Le problème est que ce scoring individuel risque de remettre en cause la sincérité des systèmes de notation actuels. En effet, de peur d’être stigmatisés, les consommateurs pourraient à l’avenir s’abstenir de laisser des recommandations et commentaires, ou exagérer dans le positif, alors que ces évaluations sont aujourd’hui des sources d’information précieuses pour les futurs utilisateurs du service. Par ailleurs, laisser l’intelligence artificielle régir les relations commerciales tend à créer une société-moule imposant ses propres codes de la « normalité » et qui exclut les personnes au moindre écart.