Risquant de perdre son autonomie, le Crédit Mutuel Arkéa fait éclater au grand jour un conflit, jusque-là interne, l’opposant à son puissant concurrent, le CM11-CIC. Quasi unanime, la classe politique et économique bretonne fait front pour soutenir « sa » banque à l'approche des élections régionales. Au Crédit Mutuel, le groupe breton face au géant de l'est Fait rare dans le monde mutualiste, ce conflit oppose deux groupes autonomes au sein d'une même banque, mais concurrents sur tous leurs métiers. D'un côté le groupe breton Crédit Mutuel Arkéa, basé au Relecq-Kerhuon, près de Brest, rassemble les trois fédérations de Bretagne, Sud-Ouest et Massif Central. Avec 9 000 employés et un réseau de 515 agences, il pèse 1,72 milliard de produit net bancaire. Face à lui, le géant CM11-CIC, basé à Strasbourg, regroupe onze fédérations, emploie 70 000 personnes dans 4539 agences et dégage 11,97 milliards de PNB. Dirigé chacun par un Breton, les deux groupes sont en concurrence sur tous les fronts, non seulement en Bretagne, où le réseau d'agences CIC marche sur les plates-bandes de la banque de Jean-Pierre Denis, mais aussi à travers leurs filiales respectives : Fortuneo face à Monabank dans la banque en ligne, Financo face à Cofidis sur le crédit consommation (prêt personnel, crédit auto, crédit renouvelable), Suravenir face à Assurances Crédit Mutuel sur le secteur assurance. Et le conflit déborde à l'international. Le conflit devant la justice Arguant de ses résultats et de sa place sur l'échiquier européen, Jean-Pierre Denis, président du CM Arkea, veut se dégager de la tutelle de la Confédération nationale du CM, où Michel Lucas, le président de CM11-CIC, vient d'être réélu président pour cinq ans. Mais il veut rester au sein du Crédit Mutuel tout en conservant son autonomie. Et soulignant de « graves irrégularités », il vient de porter plainte pour conflit d'intérêts auprès de l'autorité de la concurrence, accusant le CM11-CIC de faire main basse sur l'organe central, à la faveur de la réforme du Crédit Mutuel imposée par la Banque centrale européenne. Ce risque de perte d’autonomie du groupe breton a soudé les syndicats CGT et CFDT maison, même si, au plan national, la CGT accuse les Bretons d'agiter des chiffons rouges.