Le dieselgate a terni l’image que les consommateurs ont des voitures fonctionnant avec du gazole. Ainsi, le marché demeure en berne. D’ailleurs, dans les grandes agglomérations européennes, ces véhicules subissent une restriction de circulation, quand ils ne sont pas prohibés. Est-ce pour autant que les automobilistes se ruent vers d’autres motorisations ? Désormais, les modèles diesel ne représentent plus qu’un tiers des immatriculations dans l’Hexagone, contre trois quarts en 2012. Les voitures 100 % électriques et les hybrides, qui constituent respectivement 2 % et 5 % du marché, ne sont pas non plus particulièrement demandées. Il faut dire que ce type de véhicule n’est pas adapté à tous les usages. Quant aux automobiles à essence, elles regroupent encore des adeptes même si la réglementation en vigueur en décourage l’usage. En effet, elles rejettent davantage de dioxyde de carbone et consomment plus de carburant. Cette situation laisse donc des doutes sur les préférences des conducteurs français sur le long terme. Les usagers de la route sont plongés dans le doute Les ventes de voitures en Europe baissent en cadence d’autant plus que les consommateurs hésitent à se procurer une nouvelle automobile. Ils attendent d’être certains de pouvoir rentabiliser leur investissement, ce qui retarde les décisions d’achat. C’est ce que révèle Jacques Aschenbroich, le dirigeant du fournisseur Valeo à la presse : « Il y a un phénomène d'attente. Les gens se disent : « je ne sais pas quoi acheter, donc je ne change pas mon véhicule et j'attends ». C'est probablement l'une des explications aujourd'hui à la baisse du marché européen. » Jacques Aschenbroich. Un spécialiste confirme ces propos. Celui-ci en profite pour signaler que si le secteur résiste, c’est surtout grâce aux entreprises désireuses de renouveler leur flotte. Cette année, les prévisions ont été portées à 2,1 millions d'immatriculations. Pourtant, les particuliers s’orientent davantage vers les modèles de seconde main. L’expert ne manque pas de préciser les conséquences néfastes de cette tendance sur l’environnement : « Du coup, le parc vieillit et ce n'est pas une bonne nouvelle, car les véhicules âgés sont aussi les plus polluants. » Le flou réglementaire fait réagir les constructeurs et les consommateurs Le président de Mazda France, Philippe Geffroy, qui représente aussi les industriels étrangers de l’Hexagone, espère que les pouvoirs publics réviseront leurs politiques. Il estime que le système de classification des voitures par vignette en fonction de leur niveau d’émissions tend à privilégier d’office les modèles électrifiés. Les pratiques des professionnels des assurances auto ne sont pas bien différentes. Philippe Geffroy explique que les voitures à double motorisation lourdes à forte consommation bénéficient d’un meilleur score par rapport aux véhicules diesel les plus récents. Mais il ne s’agit pas de la seule incohérence qu’il a constatée : « On tient un discours anti-diesel qui tue le marché et en même temps le diesel est favorisé par le système de bonus/malus. Les gens sont perdus. » Philippe Geffroy. Un retraité interrogé par l’AFP chez le concessionnaire Aramis Auto en atteste : « J'ai décidé de passer à l'essence pour des raisons écologiques, mais j'ai été très surpris de me voir infliger un malus écologique de 80 euros sur mon véhicule, alors qu'il n'y en avait pas sur les modèles diesel de même puissance. Je pense qu'il y a plein de gens qui ne peuvent pas comprendre ça. »